Dans le cadre de son deuxième paquet de mesures pour réduire les coûts de la santé, le Conseil fédéral avait proposé d’intégrer les réseaux de soins coordonnés dans la loi. Ces structures, regroupant des médecins de premier recours et d’autres professionnels de santé, ont pour vocation d’offrir une prise en charge globale des patients. L’objectif était d’optimiser le parcours de soins et d’éviter les actes médicaux inutiles grâce à une meilleure coordination.
Ce modèle de soins aurait permis aux patients d’avoir un suivi centralisé et aurait encouragé une collaboration interprofessionnelle, censée prévenir les examens redondants et les traitements superflus. Toutefois, face aux résistances politiques, cette mesure a été retirée pour éviter de compromettre l’ensemble du projet de réforme.
Une opposition politique et des intérêts divergents
Le Conseil national, sous l’influence de la droite et du Centre, a estimé qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire ces réseaux dans la loi. Selon eux, les acteurs privés ont déjà la possibilité de créer ce type de structures, et un soutien fédéral n’aurait abouti qu’à une augmentation de la bureaucratie.
Brigitte Crottaz, conseillère nationale socialiste, déplore cette décision. Elle rappelle que ces réseaux avaient justement pour vocation de réduire les coûts en évitant les soins superflus. Selon elle, l’argument de la bureaucratie ne tient pas, car le véritable problème est que ces réseaux ne sont pas accessibles à tous. Actuellement, seuls les assurés d’un même assureur peuvent en bénéficier, ce qui limite leur portée.
L’Association des médecins s’était également opposée à cette mesure, craignant un encadrement trop strict des prestations médicales au sein de ces structures. Cette crainte a contribué à enterrer la réforme avant même qu’elle puisse être débattue plus en profondeur.
Un système de santé difficile à réformer
L’abandon du soutien aux réseaux de soins coordonnés est un nouvel exemple des difficultés à faire évoluer le système de santé suisse. Entre les préoccupations liées aux coûts, les réticences à toute forme de régulation supplémentaire et la crainte d’un contrôle accru des pratiques médicales, les réformes peinent à aboutir.
L’intégration des réseaux de soins dans la loi aurait pu favoriser une généralisation plus équitable de ce modèle, en le rendant accessible à tous les patients, indépendamment de leur assureur. Son abandon maintient une situation où ces structures existent de manière limitée et inégale, sans garantie d’expansion.