À l’heure de la retraite, les Suisses doivent faire face à un choix crucial concernant leur prévoyance professionnelle : opter pour une rente mensuelle ou un versement en capital. Bien que de nombreuses personnes se disent favorables à la rente, la réalité des retraités montre une tendance de plus en plus marquée en faveur du capital.
Ce phénomène soulève des questions sur les motivations des assurés et l’impact de leurs choix sur la stabilité du système de retraite. À travers les résultats du baromètre des retraites 2025 réalisé par Axa, il est possible d’examiner de manière approfondie les préférences des Suisses et leurs conséquences pour leur avenir financier.
La rente mensuelle : un choix de sécurité pour les retraités
Le sondage mené par l’assureur Axa révèle que 44% des Suisses préfèrent percevoir leur deuxième pilier sous forme de rente mensuelle lors de leur départ à la retraite. Ce choix est motivé par la sécurité qu’offre une source de revenu régulière et stable tout au long de la retraite. En effet, dans un contexte économique incertain, la rente permet d’éviter les risques associés à une mauvaise gestion des fonds de prévoyance. Un revenu mensuel garantit aux retraités une autonomie financière, même si leurs besoins augmentent au fil du temps.
Outre cette stabilité financière, la rente mensuelle présente également l’avantage de simplifier la gestion des fonds. Les retraités n’ont pas à se soucier de l’érosion de leur capital ni de la fluctuation des marchés financiers, ce qui peut être rassurant, notamment pour ceux qui n’ont ni les compétences ni le désir de gérer activement leur argent. En outre, en Suisse, les assurés peuvent combiner rente et capital, une option privilégiée par 31% des répondants à l’enquête d’Axa. Cette solution hybride permet de bénéficier d’un revenu mensuel stable tout en disposant d’une certaine somme pour des projets personnels ou des dépenses imprévues.
Cependant, malgré cette préférence affichée pour la rente, la réalité est quelque peu différente. L’Office fédéral de la statistique (OFS) rapporte que les versements en capital ont plus que doublé entre 2013 et 2023, passant de 6 à 13 milliards de francs. En 2023, environ 60% des assurés ont choisi cette option, une tendance qui ne cesse d’augmenter. Ce phénomène semble contredire les résultats du sondage, soulignant un écart entre les préférences théoriques et les choix pratiques des assurés.
Le capital : une option de plus en plus prisée
L’augmentation des versements en capital met en lumière une préférence grandissante pour cette option parmi les Suisses. En effet, bien que la majorité des personnes interrogées par Axa se disent favorables à la rente, une grande partie d’entre elles préfère en réalité disposer de la totalité de leur capital à la retraite. Cette flexibilité est l’un des principaux attraits du capital : les retraités peuvent l’utiliser selon leurs besoins personnels, qu’il s’agisse de réaliser des investissements, de financer des projets immobiliers ou de faire face à des dépenses imprévues, comme les soins de santé ou des frais de logement.
Les retraités qui optent pour le capital jouissent d’une liberté totale sur l’utilisation de leurs fonds, ce qui peut s’avérer crucial, surtout en cas de situations imprévues ou de besoins spécifiques. Par exemple, en Suisse, de nombreux assurés sont propriétaires de leur logement et choisissent d’utiliser leur capital pour financer des rénovations ou adapter leur maison à leurs besoins. De plus, certains retraités préfèrent investir dans des actifs qui génèrent des revenus, tels que l’immobilier, plutôt que de se contenter d’un revenu fixe mensuel. Cette souplesse dans l’utilisation des fonds peut être perçue comme un atout majeur.
Toutefois, cette liberté comporte également des risques. Sans la garantie d’une rente, certains retraités peuvent être tentés de dépenser leur capital trop rapidement, mettant ainsi en péril leur sécurité financière à long terme. L’absence de source de revenu stable peut entraîner une gestion imprudente des fonds, avec pour conséquence un appauvrissement accéléré. D’autre part, si cette tendance à privilégier le capital se poursuit, elle pourrait affecter la viabilité du système de retraite suisse, qui repose en grande partie sur les versements réguliers des cotisations.
L’enquête d’Axa met également en évidence une autre tendance préoccupante : les attentes croissantes des Suisses en matière de couverture de leur salaire à la retraite. Selon l’étude, les Suisses s’attendent à ce que les premier et deuxième piliers couvrent 58% de leur salaire en 2025, un pourcentage en constante augmentation au cours des dernières années. Cette évolution reflète une insatisfaction croissante face à la couverture actuelle, alimentée par des préoccupations concernant l’adéquation des prestations face à l’augmentation des coûts de la vie, notamment dans les domaines du logement et des soins de santé. Par ailleurs, plus de 70% des répondants appellent à une réforme du système de retraite, afin de garantir sa pérennité et de mieux répondre aux attentes des assurés.








