Les retraités suisses pourraient bientôt percevoir leur rente AVS plus tôt chaque mois. Le conseiller aux États Mauro Poggia a déposé une motion visant à avancer le versement des rentes, une mesure visant à alléger les difficultés financières des seniors. Cette proposition se veut une réponse à la précarité croissante des aînés, qui peinent à régler leurs factures en attendant leur paiement.
Actuellement, les caisses de compensation ont jusqu’au 20 du mois pour verser les rentes AVS, mais certains retraités doivent attendre jusqu’au milieu du mois avant de recevoir leur allocation. Face à cette situation, Poggia propose que les rentes soient versées au plus tard à la fin du mois précédent. Cela permettrait aux retraités de mieux faire face à leurs obligations financières, notamment pour régler leur loyer ou leurs primes d’assurance maladie.
La situation actuelle : un versement tardif
En Suisse, les rentes AVS sont versées par les caisses de compensation, qui disposent actuellement d’un délai allant jusqu’au 20 du mois pour effectuer le paiement. Cette organisation entraîne des problèmes pour de nombreux retraités, qui doivent avancer de l’argent pour payer leurs factures avant de recevoir leur rente. Ces seniors se retrouvent donc dans une situation de grande précarité, selon Mauro Poggia, auteur de la motion.
Le conseiller aux États genevois souligne que ces personnes, bien souvent, n’ont d’autres ressources et doivent puiser dans leurs économies pour couvrir des dépenses essentielles telles que le loyer et les assurances. Selon les caisses de compensation en Suisse romande, les paiements sont effectués en moyenne à partir du troisième jour ouvrable du mois, bien que cette pratique varie selon les institutions privées, souvent rattachées à une association professionnelle, rapporte 24 heures.
Une motion pour uniformiser les paiements
Pour résoudre cette problématique, Mauro Poggia propose une modification du calendrier des paiements. Sa motion, déposée au Conseil fédéral, demande que les rentes soient versées au plus tard à la fin du mois précédent, et non plus au milieu du mois en cours.
L’objectif est d’uniformiser les délais de versement et de permettre aux retraités de mieux gérer leurs finances. Cette proposition vise à alléger le fardeau des seniors qui doivent actuellement avancer des sommes importantes pour régler leurs factures, tout en les exposant à des pénalités en cas de retard de paiement.
La coprésidente de l’Avivo Suisse, Béatrice Métraux, soutient cette démarche, soulignant que la précarité des retraités est une réalité. Elle ajoute que les bailleurs et assureurs ne font pas toujours preuve de souplesse, ce qui aggrave les difficultés des aînés.
En 2022, une enquête de l’Observatoire national de la vieillesse a révélé qu’environ 200 000 seniors vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté, soit 2 284 francs par mois pour une personne seule. Cette précarité touche aussi la classe moyenne inférieure, souvent exclue des subsides et des prestations complémentaires.
Les obstacles administratifs à surmonter
Bien que la motion de Mauro Poggia ait été saluée, certains experts expriment des réserves quant à sa mise en œuvre. Ueli Leuenberger, président de l’Avivo Genève, craint que des obstacles administratifs empêchent l’adoption de cette réforme. Selon lui, la bureaucratie cantonale et fédérale pourrait ralentir l’adoption de cette mesure, comme cela s’est produit en 2021, lorsqu’un changement de système informatique avait déjà provoqué des retards dans le versement des rentes.
En effet, l’Office cantonal des assurances sociales genevois avait décidé de repousser le paiement des rentes, auparavant effectué dès le 1ᵉʳ du mois, à cause de ce changement. Néanmoins, le gouvernement fédéral rappelle que les ordres de paiement sont généralement donnés de manière à ce que la rente soit versée dans les premiers jours du mois, avec une anticipation en cas de week-end ou de jour férié.
Toutefois, cette organisation reste insuffisante pour de nombreux retraités, qui continuent à se retrouver en difficulté face à leurs obligations financières. Bien que des ajustements aient été faits pour les paiements en cas de jours fériés, cela ne règle pas les difficultés pour les seniors qui vivent dans la précarité.








