Le secteur hôtelier suisse a bénéficié d’une forte demande en 2024, en particulier dans les grandes villes. Zurich, Genève et Berne enregistrent des hausses significatives des nuitées, reflétant l’intérêt grandissant des visiteurs internationaux. Selon Watson, les Américains, désormais deuxième groupe de voyageurs après les Allemands, ont contribué à cette dynamique avec une augmentation de 13,9 % de leurs séjours en Suisse. Contrairement aux tendances habituelles en période électorale aux États-Unis, leur affluence n’a pas ralenti cette année, une situation jugée surprenante par Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme.
L’attractivité des grandes métropoles repose sur plusieurs facteurs. L’accessibilité offerte par les infrastructures de transport, notamment les aéroports internationaux, joue un rôle central. Zurich, qui concentre une nuitée sur cinq en Suisse, se démarque grâce à son offre culturelle et économique diversifiée. Bâle, quant à elle, bénéficie de l’impact des salons professionnels et des croisières sur le Rhin, tandis que Genève attire une clientèle variée, notamment en raison de sa position stratégique et de ses institutions internationales.
Les écarts entre les cantons et les stations alpines
Si les chiffres globaux du tourisme sont en hausse, la répartition des nuitées montre de fortes disparités. D’après la même source, les cantons les plus dynamiques en 2024 sont Zurich (+12,7 % depuis 2019), Genève (+18,3 %) et Berne (+13,1 %). À l’inverse, les Grisons (+5,2 %), le Valais (+4,1 %) et le Tessin (+4,8 %) affichent une progression bien plus modérée. Certains cantons connaissent même une baisse des nuitées par rapport à l’année précédente, comme le Valais (-1,0 %) et le Tessin (-1,5 %).
L’évolution des stations touristiques suit une tendance similaire. Si Lausanne enregistre une hausse spectaculaire de 15,2 % des nuitées en un an, certaines stations alpines voient leur fréquentation diminuer. Davos affiche un recul de 5,7 % depuis 2023, tandis que Saint-Moritz perd 6,9 % de nuitées sur la même période. Ces chiffres traduisent un changement dans les habitudes de voyage, où de nombreux touristes choisissent de séjourner en ville tout en visitant ponctuellement les montagnes. Nuitées dans les villes suisses :
Ville | 2024 | Évolution depuis 2019 | Évolution depuis 2023 |
---|---|---|---|
Zurich | 18 425 | 11,2 % | 3,3 % |
Genève | 12 380 | 17,0 % | 6,3 % |
Bâle | 9 072 | 4,3 % | -1,3 % |
Zermatt | 6 804 | 4,2 % | -0,2 % |
Lucerne | 6 377 | 8,8 % | 0,4 % |
Davos | 6 017 | -9,4 % | -5,7 % |
Lausanne | 5 770 | 10,5 % | 15,2 % |
Berne | 5 551 | 43,6 % | 7,4 % |
Opfikon | 4 551 | 48,6 % | 17,6 % |
Saint-Moritz | 4 243 | -1,8 % | -6,9 % |
Des défis pour le tourisme de montagne
L’un des enjeux majeurs du secteur reste la capacité des stations alpines à attirer des visiteurs pour des séjours prolongés. Comme le souligne Watson, Martin Nydegger reconnaît que les infrastructures de transport suisses, bien que performantes, peuvent nuire aux séjours de longue durée en facilitant les excursions à la journée depuis les grandes villes.
Certaines destinations parviennent néanmoins à tirer leur épingle du jeu. Interlaken, Grindelwald et Arosa enregistrent une hausse de fréquentation, portée par la fidélité des visiteurs et l’impact des réseaux sociaux. Pour d’autres stations, le défi est de s’adapter aux nouvelles attentes des touristes, qui privilégient de plus en plus la flexibilité et les séjours courts. Nuitées dans les cantons suisses :
Canton | 2024 | Évolution depuis 2019 | Évolution depuis 2023 |
---|---|---|---|
Zurich | 6 715 457 | 12,7 % | 5,3 % |
Berne | 6 369 895 | 13,1 % | 2,8 % |
Grisons | 5 527 038 | 5,2 % | 1,9 % |
Valais | 4 435 124 | 4,1 % | -1,0 % |
Genève | 3 787 771 | 18,3 % | 6,6 % |
Vaud | 2 944 702 | -0,5 % | 1,2 % |
Lucerne | 2 431 905 | 9,7 % | 4,6 % |
Tessin | 2 420 801 | 4,8 % | -1,5 % |
Bâle-Ville | 1 553 925 | 9,2 % | 5,4 % |
Saint-Gall | 1 096 811 | 12,1 % | -1,7 % |
Une croissance qui pourrait ralentir
Si le tourisme suisse affiche de bons résultats, l’ère des hausses spectaculaires semble toucher à sa fin. Selon Watson, Suisse Tourisme prévoit une croissance plus modérée en 2024, située entre 1 et 3 %. L’essor des grandes villes devrait se poursuivre, tandis que les stations alpines devront multiplier les initiatives pour attirer davantage de visiteurs.
Les grands événements de l’année, comme l’Euro féminin de football et l’Eurovision à Bâle, ne devraient pas provoquer de bond significatif des réservations. Watson rapporte que les attentes des hôteliers restent prudentes, les premières tendances montrant un impact limité de ces manifestations sur le tourisme.