Réformes de l’assurance maladie : les seniors risquent-ils de payer le prix fort en Suisse ?

Les projets de réforme de l’assurance maladie en Suisse suscitent un débat animé. Une augmentation de la franchise minimale, inédite depuis 20 ans, et des cotisations différenciées par âge sont envisagées. Ces propositions divisent, entre la nécessité d’adapter le système et les craintes d’une pression accrue sur les seniors et les ménages modestes.

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Assurance maladie pour seniors
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Le système de santé suisse est à un tournant. Depuis 2004, la franchise minimale est restée inchangée, fixée à 300 francs. Les partisans de la réforme de l’assurance maladie, comme Diana Gutjahr, y voient une opportunité de « moderniser » un modèle devenu inadapté aux réalités économiques. Toutefois, cette proposition risque de bouleverser la répartition des charges entre les différentes générations. Les jeunes et les familles pourraient bénéficier d’un allègement, mais au détriment des seniors, souvent considérés comme financièrement stables.

Les opposants, notamment la Fondation pour la protection des consommateurs, alertent sur les risques d’une réforme perçue comme antisociale. Une hausse de la franchise d’assurance maladie pourrait accentuer le renoncement aux soins pour des raisons financières. En 2023, une personne sur cinq a déjà dû différer une consultation médicale. L’ajout d’une catégorie spécifique pour les plus de 65 ans, proposée par Philippe Nantermod, pourrait exacerber cette tendance, en imposant aux seniors des primes plus élevées.

Une franchise minimale revue : un pari risqué pour les ménages modestes

Le modèle actuel de franchises d’assurance maladie, inchangé depuis près de deux décennies, pourrait bientôt être revu. Le Parlement a demandé au Conseil fédéral d’étudier une hausse de la franchise minimale, une mesure soutenue par des politiciens bourgeois. Diana Gutjahr, conseillère nationale UDC, explique qu’environ 45 % de la population opte pour une franchise de 300 francs, mais 60 % d’entre eux ne l’utilisent même pas entièrement. Une hausse permettrait de limiter l’augmentation des primes.

Cependant, cette proposition soulève des préoccupations importantes. La Fondation pour la protection des consommateurs estime qu’elle alourdirait la charge pour les ménages à revenus modestes, poussant davantage de personnes à reporter des soins médicaux. Actuellement, une proportion non négligeable de la population renonce à des consultations en raison de coûts trop élevés.

Une modulation des primes selon l’âge : un enjeu sociétal

Parallèlement, l’idée d’une répartition des primes d’assurance maladie selon l’âge divise. La création d’une catégorie réservée aux seniors, en complément des trois tranches actuelles (enfants, jeunes adultes, adultes), est envisagée par certains parlementaires. Diana Gutjahr estime que cela renforcerait l’équité entre générations, les jeunes et les familles disposant généralement de moins de ressources financières.

Toutefois, cette mesure rencontre une opposition farouche. Barbara Gysi, conseillère nationale socialiste, qualifie cette proposition d’injuste et nuisible, car les changements envisagés obligeraient les seniors et les malades chroniques à payer encore plus. Elle suggère plutôt de réduire les coûts des médicaments et d’éliminer les « kickbacks » aux médecins, des pratiques qui augmenteraient inutilement les dépenses médicales.

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