Ce 24 novembre, les Suisses se sont prononcés sur quatre objets fédéraux, parmi lesquels la réforme EFAS (financement uniforme des soins). Soutenue par 54 % des votants, cette mesure a pour ambition d’harmoniser les financements des prestations ambulatoires, stationnaires et de longue durée. Toutefois, la Suisse romande a largement rejeté cette réforme, mettant en lumière une fracture régionale importante.
Cette réforme, saluée comme un tournant potentiel pour le système de santé suisse, vise à corriger des incohérences majeures dans le financement des soins. Les disparités régionales et les réticences sur son impact réel restent néanmoins au centre des débats.
Des résultats clairs au niveau national, mais mitigés en Suisse romande
Selon les premières projections, la réforme EFAS a obtenu 54 % de votes favorables à l’échelle nationale. Toutefois, les résultats révèlent une division marquée entre les régions alémaniques, majoritairement favorables, et les cantons romands, qui se sont largement opposés.
En Suisse romande, le rejet est particulièrement prononcé avec 65,1 % de « non » à Genève, 61,3 % à Neuchâtel et 59,2 % dans le canton de Vaud. D’autres cantons, comme Fribourg et le Valais, ont également refusé la réforme. À l’inverse, le Tessin a offert un soutien mince mais décisif, avec 51,5 % de « oui ». Ces résultats reflètent des préoccupations spécifiques dans chaque région, notamment concernant la répartition des coûts entre les cantons et les assureurs, ainsi que les effets potentiels sur les primes d’assurance.
Une réforme pour simplifier et équilibrer le financement des soins
Actuellement, les soins ambulatoires sont intégralement financés par les primes d’assurance maladie, alors que les cantons prennent en charge 55 % des coûts hospitaliers. Cette double logique crée des incohérences financières qui favorisent les hospitalisations, parfois au détriment de solutions ambulatoires plus économiques.
La réforme EFAS propose de répartir les coûts de manière uniforme de manière que les cantons contribuent à hauteur de 26,9 % pour toutes les prestations, quel que soit le type de soin. Les 73,1 % restants continueront d’être financés par les assureurs via les primes.
Dans une tribune publiée par Le Temps, les économistes Jean-Pierre Danthine et Alberto Holly saluent cette réforme comme une étape majeure pour corriger un défaut structurel de la LAMal. Ils insistent sur le fait que cette harmonisation pourrait réduire les primes tout en encourageant des soins mieux adaptés aux besoins des patients. Cependant, ils reconnaissent que l’EFAS devra surmonter des défis liés à sa mise en œuvre.