Les frontaliers travaillant en Suisse se mobilisent contre le projet du gouvernement français de réduire leurs indemnisations chômage, une initiative jugée discriminatoire.
Vers la réduction des indemnisations chômage pour les frontaliers travaillant en Suisse
Les frontaliers travaillant en Suisse se mobilisent contre une nouvelle proposition du gouvernement français visant à réduire leurs indemnisations chômage. Ils dénoncent une mesure discriminatoire et envisagent de porter l'affaire en justice. Face à cette initiative, certaines associations, ainsi que des élus, montent au créneau, déterminés à protéger les droits de ces travailleurs transfrontaliers.
Alors que les discussions entre syndicats et patronat se poursuivent pour tenter de répondre à la demande gouvernementale de 400 millions d'euros d'économies supplémentaires, l'idée d'un « coefficient » appliqué aux indemnités des frontaliers suscite de vives réactions. Ce projet, perçu comme une tentative de compenser les faiblesses du système français, est largement contesté dans les régions frontalières.
La colère des frontaliers contre une « discrimination »
Le projet de réforme provoque la colère des associations de frontaliers, qui voient dans ces propositions une discrimination. Thomas Fisher, président du Groupement transfrontalier européen, une association qui compte 25 000 membres, dénonce une politique qui traite les frontaliers tantôt comme des atouts économiques, tantôt comme des boucs émissaires. Selon lui, les salaires plus élevés de ces travailleurs, notamment ceux venant de Suisse et du Luxembourg, contribuent fortement au dynamisme économique des régions françaises frontalières.
Ces frontaliers cotisent en Suisse et perçoivent des indemnités calculées sur leurs salaires, plus élevés qu'en France. Pierre Fleury, responsable de l'Amicale des frontaliers, basée dans le Doubs, estime que ces mesures révèlent l'incapacité de la France à gérer son propre chômage. « On est prêt à aller en justice », avertit-il, dénonçant une situation où les frontaliers se sentent injustement ciblés par des coupes budgétaires.
Un « coefficient » envisagé
Pour réduire les dépenses, une des pistes envisagées serait d'introduire un coefficient qui ajusterait les indemnisations chômage des frontaliers en fonction du coût de la vie en France. L'Unédic, dans un document interne, a néanmoins mis en garde contre cette option, estimant qu'elle pourrait ne pas être conforme au cadre légal actuel et nécessiterait une modification en profondeur. Actuellement, ce sont environ 800 millions d'euros par an qui sont alloués aux frontaliers par l'assurance chômage.
Les associations craignent également que la définition de l'« offre raisonnable d'emploi » pour les frontaliers, mentionnée par la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, soit redéfinie de manière à renforcer les obligations des chômeurs transfrontaliers, les forçant potentiellement à accepter des postes moins adaptés.
Une remise en question des droits des chômeurs frontaliers
Pour de nombreux frontaliers, cette réforme fait naître un sentiment de honte, renforcé par l'impression d'être perçu comme prenant quelque chose à la France, selon Ibrahima Diao, juriste de l'Amicale des frontaliers. Il avance également que cette culpabilité est accentuée par les mesures compensatoires européennes, qui prévoient le reversement de trois à cinq mois de prestations chômage par le pays d'emploi au pays de résidence. Ce montant est cependant jugé insuffisant face à l'augmentation continue des frontaliers résidant en France.
Face à cette incertitude, certains frontaliers songent à franchir le pas et à s'installer définitivement en Suisse, une décision qui semblait lointaine pour certains mais qui est désormais envisagée avec sérieux.