Le canton du Jura se positionne désormais comme un acteur majeur de la transition énergétique en Suisse, en particulier dans le secteur du biogaz. Son ambition de devenir le « Qatar de la Suisse » est portée par une stratégie ambitieuse visant à exploiter au maximum le potentiel de cette ressource renouvelable.
Le biogaz, provenant principalement de déchets agricoles, s’impose comme un levier stratégique pour le canton, qui veut non seulement atteindre l’autosuffisance énergétique, mais aussi devenir un exportateur d’énergie verte. Cette transformation est accélérée par des projets d’envergure, avec la perspective de jouer un rôle clé dans le réseau énergétique national.
Le biogaz, un secteur en pleine expansion dans le Jura
Le Jura est aujourd’hui un leader dans la production de biogaz en Suisse. Le canton compte huit installations qui font de lui le deuxième territoire du pays en termes de densité de centrales, juste derrière la Thurgovie. Ces installations, qui sont en activité depuis 2008, traitent des déchets agricoles tels que le fumier, le lisier ou encore les résidus de culture, pour en faire du méthane renouvelable. Le biogaz ainsi produit est principalement utilisé pour la production d’électricité, mais cette pratique est en train de changer. En effet, les nouvelles unités privilégient désormais la transformation du biogaz en biométhane, un gaz naturel renouvelable qui peut être injecté directement dans le réseau de gaz naturel, un processus plus rentable et plus durable.
Selon Enrico Riboni, directeur d’Energie du Jura, cette évolution va permettre au canton de se démarquer comme un véritable hub énergétique en Suisse : « Le Jura sera le Qatar du biogaz en Suisse », rapporte Watson. Une déclaration provocatrice, certes, mais qui reflète une réalité bien tangible. En Suisse, 126 installations de biogaz sont en activité, et le Jura se distingue par une concentration particulièrement élevée d’unités de production, ce qui positionne le canton en tête de la transition énergétique en Suisse romande.
Le modèle de production du Jura repose sur un système circulaire où les déchets agricoles sont valorisés pour produire une énergie propre. La filière biogaz du canton continue donc de se renforcer, avec des projets qui visent à accroître la production et à diversifier l’utilisation de cette énergie renouvelable. En plus de produire du biogaz destiné à la consommation locale, ces nouvelles installations ont pour objectif de produire du biométhane pour alimenter directement le réseau national, ce qui ouvre la voie à l’exportation d’énergie verte vers d’autres cantons suisses.
Le Jura : un futur exportateur d’énergie verte
À moyen terme, le canton du Jura entend non seulement devenir autosuffisant en termes d’énergie, mais également exporter ses surplus. Selon les prévisions actuelles, dès l’été prochain, le canton sera en mesure d’atteindre l’autosuffisance énergétique grâce à la production de biogaz. En hiver, lorsque la demande est la plus forte, le Jura pourra compter sur sa production pour subvenir à ses besoins. Cependant, c’est durant la période estivale que les surplus seront les plus importants, et ces excédents d’énergie verte seront envoyés dans le réseau national.
Le partenariat entre Energie du Jura et Gasverbund Mittelland, un fournisseur de gaz basé en Suisse centrale, permet de préparer le terrain pour l’exportation du biogaz vers d’autres régions du pays. D’ici janvier, le Jura commencera à transporter son biogaz vers le district de Delémont, avec un projet d’extension vers Bâle dans les années à venir. Une fois les infrastructures nécessaires en place, le canton pourra injecter son biométhane dans le réseau suisse de gaz naturel, contribuant ainsi à l’atteinte des objectifs climatiques du pays.
À plus long terme, dans un horizon de cinq à dix ans, le Jura pourrait produire plus de biogaz qu’il n’en consomme, et cela de manière continue tout au long de l’année. Cette perspective transforme le canton en un acteur clé de la transition énergétique en Suisse, mais aussi dans la région, en apportant une solution énergétique verte et durable qui s’inscrit dans les objectifs climatiques de la Confédération.
