Alors que les primes explosent, les dirigeants des caisses maladie suisses s’enrichissent toujours plus

Les salaires des dirigeants des caisses maladie suisses augmentent, malgré la hausse des primes, suscitant des interrogations sur leur légitimité.

Publié le
Lecture : 2 min
Sac d'argent et stéthoscope
Alors que les primes explosent, les dirigeants des caisses maladie suisses s'enrichissent toujours plus - © Sutterstock

Les salaires des patrons des grandes caisses maladie suisses semblent évoluer indépendamment des difficultés croissantes rencontrées par les assurés. La charge des primes, qui ne cesse d’augmenter chaque année, pèse de plus en plus lourd sur les finances des assurés, alors que les salaires des dirigeants restent confortablement élevés.

En 2024, le grand gagnant parmi les dirigeants des caisses maladie est Andreas Schönenberger, PDG de Sanitas, qui a perçu un salaire total de 976’433 francs, bien que Sanitas ne soit pas la plus grande caisse du pays, comptant 866’971 assurés et 781 collaborateurs, rapporte Blick.

Les salaires élevés ne sont pas limités à Sanitas. En seconde position se trouve Philomena Colatrella, la cheffe de la CSS, avec 851’678 francs en 2024. Elle dirige cette caisse depuis 2016 et a rejoint l’entreprise en 1999. CSS se distingue de Sanitas par sa taille, avec environ 1,7 million d’assurés et 2661 employés. En troisième position, Roman Sonderegger, PDG d’Helsana depuis quatre ans, a gagné près de 800’000 francs, avec une base d’assurés bien plus large, dépassant les 2 millions, et plus de 3400 collaborateurs.

Les dirigeants d’autres grandes caisses, telles que le Groupe Mutuel, Swica et Assura, affichent également des salaires proches des 750’000 francs. Seule la caisse Sympany, la plus petite en termes d’assurés, verse une rémunération inférieure à 500’000 francs à son directeur, Christian Conti.

Un secteur hautement régulé, mais des disparités salariales persistantes

Les caisses maladie suisses évoluent dans un environnement hautement régulé, ce qui explique en partie l’étonnante diversité des salaires observée. Malgré la standardisation des services et des prestations offertes aux assurés, les différences entre les rémunérations des PDG restent marquées.

Cela suscite des interrogations chez les experts, qui pointent une incohérence dans un secteur censé être uniforme, où la concurrence repose essentiellement sur les tarifs des primes et la qualité du service à la clientèle.

Felix Schneuwly, expert en assurances maladie chez Comparis, déclare qu’une réduction des salaires des dirigeants n’aurait qu’un impact minimal sur les primes des assurés, suggérant que même si les PDG travaillaient gratuitement, la réduction des primes serait négligeable.

Selon lui, « cela n’aurait qu’une incidence de quelques centimes sur les primes« . Cela met en évidence que les salaires élevés des dirigeants ne sont pas directement responsables de la hausse des primes, mais suscitent néanmoins des interrogations sur l’équité du système.

Des salaires bien plus élevés que dans d’autres secteurs

En comparaison avec d’autres secteurs économiques, les salaires des dirigeants des caisses maladie sont largement supérieurs à ceux des chefs d’entreprises de taille moyenne. Les PME, par exemple, évoluent souvent dans des marchés très concurrentiels et doivent générer une grande valeur ajoutée avant de pouvoir rémunérer leurs dirigeants à hauteur de près d’un million de francs.

Le cas des caisses maladie semble bien différent, car ces dernières opèrent dans un cadre réglementé et leurs différences se limitent principalement aux montants des primes et aux services rendus.

Sacha Kahn, spécialiste des rémunérations, souligne également ce contraste en affirmant que les chefs d’entreprises de taille moyenne évoluent dans des marchés compétitifs qui nécessitent une « grande valeur ajoutée » avant qu’un salaire proche d’un million de francs ne soit envisagé.

Laisser un commentaire

Share to...