Les ventes de pompes à chaleur (PAC) connaissent une baisse marquée en Suisse et dans plusieurs pays européens.
Les ventes des pompes à chaleur s’effondrent en Suisse
Cette tendance s'explique par la fin de la bulle provoquée par la crise énergétique de 2022. Alors que ces systèmes sont pourtant essentiels à la décarbonation, la demande est en net recul, tant en Suisse qu'au sein des principaux marchés du continent.
En Suisse, les ventes de pompes à chaleur ont chuté de 35 % au premier semestre 2024, avec seulement 14 000 unités vendues contre plus de 22 000 sur la même période en 2023. Une situation similaire s'observe à l'échelle européenne, où 765 000 pompes ont été installées dans 13 pays au cours des six premiers mois de l'année, soit quasiment la moitié des installations de l'année précédente.
Une bulle énergétique qui a éclaté
Après le début du conflit en Ukraine et l'explosion des prix du gaz en 2022, les pompes à chaleur avaient connu un véritable engouement, souvent en remplacement précipité de chaudières à gaz, même encore fonctionnelles. Selon Philippe Ranc, responsable de l'antenne romande du Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP), « la bulle a éclaté », et le marché est désormais revenu à une situation plus rationnelle.
Cette baisse s'explique également par plusieurs facteurs économiques. En Suisse, le ralentissement a commencé dès le quatrième trimestre 2023, sous l'effet d'une inflation galopante et de la fin des réserves financières accumulées pendant les confinements. Pour les installateurs, cette accalmie est perçue comme un soulagement après une année 2022 marquée par une forte tension sur les marchés.
Une tendance européenne similaire
En Europe, la situation est encore plus préoccupante. Au total, 765 000 pompes à chaleur ont été installées dans 13 pays européens au cours du premier semestre 2024, contre 1,44 million pour la même période l'année précédente. Des marchés majeurs comme l'Allemagne, la France, l'Italie ou la Suède sont concernés.
Plusieurs raisons expliquent cette baisse : la chute des prix du gaz et la réduction des subventions ont clairement freiné la demande. En Allemagne, par exemple, une loi introduite en 2023 pour encourager le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur a suscité une forte opposition, forçant le gouvernement à assouplir ses exigences. De même, l'Union européenne, qui s'était fixée pour objectif l'installation de 10 millions de pompes à chaleur supplémentaires d'ici 2027, voit ses ambitions remises en question. En septembre, Paul Kenny, directeur de l'European Heat Pump Association (EHPA), a exhorté la Commission européenne à agir pour freiner cette chute, avec la promesse d'un plan d'action en préparation.
Une adoption plus modérée en Suisse
En Suisse, les pompes à chaleur représentent environ 20 % des systèmes de chauffage des bâtiments, une part légèrement supérieure à celle du gaz (17 %), mais encore loin derrière le mazout, qui reste majoritaire avec 37 % du parc immobilier. Fribourg est le canton le plus avancé dans l'adoption de ces systèmes, avec 40 % de bâtiments équipés, suivi de Lucerne et Argovie.
Malgré les incitations cantonales et communales, le marché suisse semble à présent se stabiliser. Pour les constructeurs qui avaient investi massivement dans cette technologie, le coup est rude. Certains ont même dû procéder à des licenciements ou au chômage technique. Toutefois, les installateurs paraissent davantage soulagés par cette accalmie après une période de forte demande.