Selon une enquête de Comparis, 52 % de la population suisse a commandé sur des plateformes chinoises comme Temu, Shein, Wish ou Aliexpress. Cette popularité reflète une transformation des habitudes de consommation, marquée par une priorité donnée aux prix bas. Temu, en particulier, attire un public large grâce à une offre variée et accessible.
Le succès de ces plateformes ne s’exprime pas de manière homogène à travers la Suisse. Les femmes (57 %) se montrent plus adeptes que les hommes (48 %) pour ces achats, notamment sur Temu et Shein. En revanche, Aliexpress attire davantage un public masculin. Les régions linguistiques affichent également des disparités : la Romandie enregistre 57 % d’acheteurs, contre 49 % en Suisse alémanique. Au Tessin, près d’un habitant sur sept commande régulièrement sur ces sites.
Temu, un modèle basé sur les prix bas
Le prix demeure l’élément central du succès de Temu. Les produits proposés, allant des vêtements aux objets du quotidien, coûtent souvent nettement moins cher que ceux disponibles sur les portails suisses. Pour 71 % des sondés, le prix est le principal critère d’achat, bien devant la diversité de l’offre ou la rapidité de livraison. Cette dynamique attire particulièrement les consommateurs à faibles revenus ou à niveau de formation inférieur, selon l’étude.
Toutefois, ces économies ont un revers. Les produits de ces plateformes souffrent souvent d’un manque de garanties en matière de qualité ou de sécurité, avec des marchandises parfois toxiques ou dangereuses. Malgré ces défauts, 72 % des acheteurs se déclarent satisfaits de leurs achats, un indicateur que les attentes sont adaptées aux prix pratiqués.
Une menace pour le commerce suisse
L’impact de Temu dépasse le simple changement d’habitudes des consommateurs. Pour la première fois, Temu surpasse Digitec Galaxus, propriété de Migros, sur le marché suisse. Avec 25 % des parts de marché accaparées par les plateformes chinoises, les acteurs locaux peinent à maintenir leur position. Amazon et Zalando, pourtant influents, ne cumulent que 11 % à eux deux.
Cette domination croissante inquiète les commerçants suisses. Une enquête menée par la Swiss Retail Federation montre que 60 % des détaillants considèrent les plateformes chinoises comme une menace majeure. La pression sur les marges et l’incapacité à rivaliser sur les prix alimentent ces préoccupations, menaçant l’équilibre du commerce local.
Une dépendance inquiétante pour les consommateurs
Alors que les géants comme Temu continuent de gagner en popularité, leur modèle repose sur des pratiques qui suscitent des interrogations. En dépit des critiques sur la sécurité et la qualité des produits, l’attrait des prix bas semble surpasser toute autre considération pour une grande partie des consommateurs.
Dans ce contexte, l’essor de ces plateformes chinoises redéfinit non seulement le paysage économique suisse, mais met également en lumière des défis à long terme pour les commerçants et les régulateurs locaux.
