L’Union démocratique fédérale (UDF), parti conservateur suisse, a lancé une pétition exigeant le retrait de la Suisse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce mouvement s’inscrit dans un climat de méfiance croissant envers les organisations internationales et leurs décisions en matière de santé publique.
L’UDF estime que l’OMS exerce une influence excessive et restreint la souveraineté nationale en matière de politique sanitaire. Pour que cette initiative soit soumise à un vote populaire, elle devra recueillir 100 000 signatures en 18 mois, un seuil nécessaire pour toute initiative fédérale en Suisse.
Une critique des décisions de l’OMS et de son financement
L’UDF justifie sa demande par une opposition aux recommandations jugées trop directives de l’OMS, en particulier lors de la gestion de la pandémie de Covid-19. Le parti reproche à l’organisation son approche jugée trop centralisée, avec des décisions qui ne prendraient pas suffisamment en compte les spécificités nationales. L’OMS a, par exemple, préconisé des confinements stricts et une vaccination massive, des mesures que certains groupes politiques suisses ont décrétées comme excessives ou inadaptées.
L’argumentaire de l’UDF repose également sur des questions de financement et d’influence. En 2022, le budget de l’OMS s’élève à 6,72 milliards de dollars, financé à 16 % par des contributions obligatoires des États membres et à 84 % par des contributions volontaires, y compris celles de fondations privées et de grandes entreprises, a relaté 20Minutes. Le parti critique la dépendance de l’organisation envers des acteurs privés, ce qui, selon lui, remettrait en cause son indépendance. Parmi les principaux contributeurs figurent des gouvernements, mais aussi des entités comme la Fondation Bill & Melinda Gates, qui a fourni près de 12 % du financement total de l’organisation.
L’UDF s’inquiète aussi des futurs traités en discussion au sein de l’OMS, notamment le projet d’accord international sur les pandémies, qui pourrait imposer aux États membres des directives contraignantes en cas de crise sanitaire mondiale. Ce projet vise à améliorer la coopération internationale, mais est perçu par l’UDF comme une atteinte supplémentaire à la souveraineté des États.
Un processus démocratique exigeant
La pétition devra obtenir 100 000 signatures pour être validée par les autorités suisses. Ce seuil permet à une initiative populaire d’être examinée par le Conseil fédéral et soumise à un référendum national si elle est jugée conforme à la Constitution.
Toutefois, le succès de cette proposition est incertain. Les experts estiment que quitter l’OMS affaiblirait la position de la Suisse dans les négociations internationales et compliquerait l’accès aux ressources essentielles en matière de santé publique. En 2021, l’OMS a distribué plus de 2 milliards de doses de vaccins contre le Covid-19 dans le monde via le programme COVAX, auquel la Suisse a participé avec une contribution de 125 millions de francs suisses.
En cas de retrait, la Suisse devrait également renégocier divers accords de coopération sanitaire et pourrait perdre l’accès à certaines données épidémiologiques et ressources médicales partagées par l’organisation. À ce jour, aucun pays n’a quitté l’OMS depuis sa création en 1948, bien que des critiques similaires aient été émises par d’autres nations, notamment aux États-Unis sous l’administration Trump en 2020.
Si l’UDF parvient à mobiliser suffisamment de signatures, le débat pourrait se retrouver au cœur de l’agenda politique suisse. Cependant, même en cas de vote favorable, le Parlement et le Conseil fédéral auront leur mot à dire sur la possibilité d’une telle décision, dont les conséquences restent difficiles à anticiper.