Une pétition européenne pour interdire l’aspartame dans une dizaine de pays, dont la Suisse

Trois organisations françaises appellent à l’interdiction de l’aspartame dans onze pays européens, dont la Suisse. Cet édulcorant, présent dans plus de 6000 produits, est classé « cancérigène possible » par l’OMS depuis 2023. Les pétitionnaires dénoncent des évaluations biaisées et demandent aux autorités d’agir par précaution.

Publié le
Lecture : 2 min
aspartame
Une pétition européenne pour interdire l’aspartame dans une dizaine de pays, dont la Suisse | Econostrum.info - Suisse

L’aspartame est utilisé depuis plusieurs décennies comme alternative au sucre dans de nombreux aliments et boissons allégés. Connu sous le code E951, il est couramment ajouté aux sodas light, yaourts allégés et chewing-gums. Sa faible teneur calorique en a fait un édulcorant populaire auprès des industriels et des consommateurs cherchant à réduire leur apport en sucre.

Découvert en 1965, il suscite depuis longtemps des interrogations sur ses effets à long terme. En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’a classé dans la catégorie « cancérigène possible » (groupe 2B). Cette classification inclut également d’autres substances du quotidien, comme l’extrait d’aloe vera ou l’acide caféique. Bien que les experts soulignent que le respect des doses journalières admissibles, fixées à 40 mg par kilo de poids corporel, ne présente pas de danger avéré, ce classement a ravivé les craintes du public.

Une initiative portée par trois organisations françaises

Face à ces incertitudes, trois acteurs engagés dans la défense des consommateurs et de la santé publique ont lancé une pétition pour demander l’interdiction de l’aspartame en Europe. L’ONG Foodwatch, l’association Ligue contre le cancer et l’application de nutrition Yuka dénoncent un risque évitable et appellent les autorités européennes et nationales à réagir.

Selon Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, il n’y a « aucune raison de permettre que les gens soient exposés à un risque de cancer tout à fait évitable ». Cette initiative vise à faire pression sur les institutions européennes pour supprimer cet additif du marché et inciter les États membres à prendre des mesures nationales.

En plus des soupçons de cancérogénicité, certaines études évoquent un lien entre l’aspartame et un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardio-vasculaires. À long terme, sa consommation pourrait même favoriser le surpoids, ce qui va à l’encontre de l’objectif initial de cet édulcorant.

Des doutes sur l’indépendance des évaluations scientifiques

Malgré ces alertes, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a confirmé en 2013 l’autorisation de l’aspartame sur le marché européen, estimant qu’il ne présentait pas de risque aux doses recommandées. Cette position est aujourd’hui remise en cause par les pétitionnaires, qui dénoncent des conflits d’intérêts dans les études utilisées pour cette évaluation.

Un rapport publié par Foodwatch le jour du lancement de la pétition révèle que près de 75 % des études jugées fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie agroalimentaire. Cette situation soulève des interrogations sur l’indépendance des décisions réglementaires et sur la transparence des institutions européennes dans l’évaluation des risques alimentaires.

Cette pétition n’est pas une première pour ces organisations. En 2019, elles avaient déjà mené une campagne contre les sels de nitrites, utilisés dans la charcuterie et suspectés de favoriser certains cancers digestifs. Leur action avait conduit plusieurs industriels à modifier leurs recettes, démontrant l’effet potentiel de telles mobilisations sur le secteur agroalimentaire.

En s’attaquant à l’aspartame, Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka espèrent répéter ce succès et pousser les autorités à renforcer la réglementation sur les additifs alimentaires.

Laisser un commentaire

Share to...