Malgré la crise de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse, les travailleurs âgés de plus de 55 ans continuent de se heurter à des obstacles importants lorsqu’ils cherchent un emploi ou tentent de rester dans la même entreprise. Une étude menée par l’agence de placement von Rundstedt, sur plus de 1500 travailleurs, révèle que 77 % des responsables RH interrogés reconnaissent la présence de discriminations envers les seniors dans leurs propres entreprises.
Ce phénomène persiste, même dans un contexte où les entreprises expriment un besoin urgent de recruter et de retenir des talents expérimentés. Cette situation met en lumière une incohérence flagrante entre les défis démographiques auxquels le pays est confronté et la manière dont les travailleurs seniors sont encore souvent écartés du marché du travail.
La discrimination structurelle envers les seniors
Malgré la reconnaissance officielle de l’importance de maintenir une main-d’œuvre âgée et expérimentée, de nombreux employeurs suisses continuent d’appliquer des pratiques discriminatoires, souvent à leur insu. Une étude de von Rundstedt révèle que 77 % des responsables RH admettent qu’il existe des discriminations à l’encontre des travailleurs âgés dans leurs entreprises. Cette discrimination se manifeste sous diverses formes : moins d’opportunités de promotion, un accès limité à la formation continue et, dans certains cas, un manque de reconnaissance de l’expérience. Un élément clé de cette exclusion réside dans les préjugés qui persistent autour des travailleurs plus âgés.
Les employeurs supposent souvent que les travailleurs âgés souhaitent prendre leur retraite plus tôt, une idée fausse largement répandue. En réalité, de nombreux seniors souhaitent prolonger leur carrière, mais leurs aspirations sont ignorées. Selon Pascal Scheiwiller, directeur de von Rundstedt, « les employeurs considèrent souvent que les plus de 55 ans veulent partir plus tôt à la retraite, alors que beaucoup d’entre eux veulent simplement continuer à travailler », rapporte SRF. Cette perception erronée est en partie responsable de la discrimination dont les seniors sont victimes.
Une autre raison importante pour laquelle les seniors sont écartés est l’idée que, à partir d’un certain âge, leur capacité à s’adapter aux nouvelles technologies et aux changements du marché devient limitée. Pourtant, des études montrent que les travailleurs âgés sont tout aussi capables de s’adapter aux nouvelles réalités du travail, à condition qu’on leur donne la chance de le faire. Le véritable défi réside dans la mentalité des employeurs, qui privilégient souvent les jeunes talents en raison de coûts salariaux moins élevés et de la présomption d’une plus grande flexibilité.
Des initiatives insuffisantes pour retenir les seniors
Alors que des études montrent que la majorité des travailleurs âgés souhaitent continuer à travailler, les initiatives mises en place par les entreprises pour soutenir cette population restent insuffisantes. Les mesures actuelles se limitent souvent à des ajustements superficiels, comme la mise en place d’horaires flexibles, mais sans réel engagement pour garantir l’intégration durable des seniors dans le monde professionnel.
Pascal Scheiwiller, directeur de von Rundstedt, souligne que « les responsables RH déplorent le manque de flexibilité de leurs entreprises et l’absence d’efforts pour retenir les salariés de plus de 55 ans. » En effet, de nombreux responsables des ressources humaines seraient prêts à offrir des opportunités aux travailleurs expérimentés, mais se heurtent à des contraintes hiérarchiques ou à une absence de soutien de la part de la direction de l’entreprise.
Les entreprises qui tentent de garder leurs travailleurs seniors sont souvent confrontées à une hiérarchie peu favorable. Dans de nombreux cas, la direction privilégie les solutions à court terme, comme l’embauche de jeunes talents, au détriment d’une gestion plus inclusive de l’âge dans l’entreprise. Pourtant, comme le souligne Scheiwiller, « l’objectif principal de la politique RH ne devrait pas être la retraite anticipée, mais le maintien dans l’emploi des seniors le plus longtemps possible. » Ce changement de mentalité est crucial si l’on veut réellement valoriser les travailleurs âgés et éviter une exclusion systématique qui ne ferait qu’aggraver les défis démographiques du pays.
En outre, l’absence de politiques véritablement inclusives empêche une réelle intégration des seniors dans des rôles de leadership ou de responsabilité. Pourtant, ces travailleurs apportent des compétences uniques, acquises au fil des années, qu’il serait dommage de perdre dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Pour maximiser le potentiel des seniors, les entreprises devraient investir dans la formation continue et s’assurer que leurs employés de plus de 55 ans bénéficient des mêmes opportunités que leurs collègues plus jeunes.








