En Suisse, se loger devient un véritable défi. Le taux de logements vacants a chuté à près de 1 %, contre 1,7 % en 2020. Cette raréfaction entraîne une hausse mécanique des loyers. D’après un rapport adopté mercredi par le Conseil fédéral, l’indice des loyers a grimpé de 38 % depuis le début des années 2000, dépassant nettement l’inflation et la croissance des salaires. Ce constat illustre un marché qui ne fonctionne plus pour les locataires.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande est accentué par plusieurs facteurs. L’immigration continue, la croissance de la population et l’évolution des modes de vie maintiennent une forte demande en logements. Parallèlement, la construction ne suit pas. Le Conseil fédéral explique que le recul de l’activité de construction repose sur des causes multiples, parfois difficiles à identifier précisément.
Une offre insuffisante face à une demande qui explose
Les perspectives du marché ne laissent entrevoir aucun répit pour les locataires. Le Conseil fédéral estime que les permis de construire délivrés ces dernières années ne suffiront pas à combler la demande d’ici 2040. En attendant, la population suisse devrait franchir la barre des 10 millions d’habitants, accentuant encore la pression sur le marché immobilier.
Malgré quelques signes de stabilisation, le chemin vers un rééquilibrage du marché reste long. Watson rapporte que l’offre de nouveaux logements ne compense pas les besoins actuels, laissant présager une tension persistante sur les loyers. Dans ce contexte, les locataires hésitent à changer de logement, même lorsque celui-ci ne correspond plus à leurs besoins, par crainte de voir leur loyer augmenter dans un nouveau logement.
Peu de solutions concrètes malgré une prise de conscience politique
Le Conseil fédéral reconnaît l’ampleur du problème, mais les solutions tardent à se concrétiser. Des tables rondes ont été organisées sous l’égide du département de Guy Parmelin en collaboration avec les cantons et différents acteurs du secteur immobilier. L’objectif est d’encourager la construction de logements de qualité, à des prix abordables et adaptés aux besoins.
Parmi les pistes évoquées figure la mise en place d’incitations à la construction de logements à prix modérés, notamment sous la forme d’un bonus d’utilisation du sol. Toutefois, le rapport souligne qu’il n’existe pas encore de solution pour réduire l’écart entre les loyers demandés et ceux déjà existants. Cette situation pousse de nombreux locataires à rester dans leur logement actuel, même lorsque celui-ci ne leur convient plus, faute d’alternatives abordables.
Une éclaircie pourrait cependant apparaître à court terme pour certains locataires. Lundi prochain, l’Office fédéral du logement publiera le taux d’intérêt de référence actuel, qui pourrait connaître une baisse. Si cette tendance se confirme, certains loyers indexés sur ce taux devraient également diminuer, apportant un léger soulagement aux ménages concernés.
Pour l’heure, aucune mesure structurelle n’a encore été adoptée pour enrayer durablement la crise. Le marché immobilier suisse devrait donc rester sous tension encore de nombreuses années, avec des loyers en hausse et des solutions qui peinent à émerger.