Ce rejet s’inscrit dans une série de décisions politiques où les préoccupations sociales se heurtent à une lecture plus technique de la situation économique. La motion défendue par deux élus socialistes n’a pas réussi à convaincre une majorité parlementaire, qui considère que les conditions actuelles ne justifient pas d’intervention supplémentaire.
Le débat a ravivé une tension latente entre le besoin de sécurité énergétique et la volonté de soutien au pouvoir d’achat. En octobre 2023 déjà, une demande de traitement en urgence de la même motion avait été écartée par 49 voix contre 37 et 11 abstentions. L’issue de ce vote avait préfiguré la décision prise ce mercredi, rapporte Blick.
Une motion née dans le contexte des hausses de 2022-2023
Déposée en septembre 2023 par les députés PS David Bonny et Eliane Aebischer, la motion demandait que le Conseil d’État fribourgeois établisse une base légale pour activer des mesures de soutien financier face à l’augmentation des prix de l’électricité. Les motionnaires estimaient que le dispositif actuel était insuffisant et proposaient d’ancrer dans le droit cantonal des outils ciblés, destinés à soutenir le pouvoir d’achat des ménages modestes et de la classe moyenne.
La majorité des députés n’a pas partagé cette analyse. Par 68 voix contre 28 et 9 abstentions, la motion a été rejetée. Les élus du centre-droit et de la droite ont jugé que la situation s’était nettement améliorée depuis l’envolée des prix observée en 2022 et 2023, rendant le texte caduc dans le contexte actuel. Cette lecture a été partagée par le Conseil d’État.
Le Conseil d’État défend les mécanismes existants
Le gouvernement cantonal, par la voix du ministre de l’économie Olivier Curty, a recommandé de repousser la motion. Il a justifié cette position par l’existence d’un dispositif de politique sociale déjà en place, jugé apte à accompagner les ménages face aux fluctuations économiques. Selon lui, ajouter un nouveau soutien spécifiquement énergétique ne se justifie pas dans la configuration actuelle du marché.
Olivier Curty a rappelé que le mécanisme existant vise déjà à aider les foyers en difficulté, et que les évolutions du marché de l’électricité sont suivies de près. Le Conseil d’État a ainsi opté pour une posture de vigilance, sans s’engager dans de nouvelles mesures spécifiques. Cette approche a également été reprise par les opposants à la motion, qui préfèrent concentrer l’action politique sur la détermination des tarifs pour favoriser une baisse durable des prix.
Une urgence sociale jugée moins prioritaire
Le rejet de cette motion intervient après un premier refus de la traiter en procédure accélérée. Le 5 octobre 2023, les députés avaient déjà estimé que la demande d’urgence n’était pas justifiée. À l’époque, la motion dénonçait une hausse « brutale » des tarifs, jugée alarmante par ses auteurs. Ce précédent a illustré le peu d’adhésion de la majorité parlementaire à l’initiative socialiste.
Le vote du 26 mars confirme cette tendance. Pour une majorité des élus, les conditions du marché énergétique ont évolué, rendant l’intervention superflue. En refusant d’ancrer dans la loi un outil d’aide ciblée, le Grand Conseil fribourgeois entérine une position qui mise sur les outils existants et sur une hypothétique normalisation du marché de l’énergie. Les auteurs de la motion, eux, alertaient sur le manque de réactivité face à des charges qui pèsent encore sur les foyers.