Depuis le 20 août, la Suisse a franchi une étape majeure dans le domaine des transactions financières avec l'introduction des paiements instantanés. Cette avancée technologique, comparée à un « Twint premium », promet de réduire les délais de transfert d'argent à quelques secondes, transformant ainsi le paysage bancaire du pays.
En effet, en Suisse, où les transactions bancaires pouvaient s'étendre sur plusieurs jours, la mise en place de ce système répond à un besoin pressant de modernisation. Twint, l'application de paiement mobile populaire en Suisse, permettait déjà aux utilisateurs de transférer de l'argent entre comptes de manière perçue comme instantanée. Cependant, en arrière-plan, les transferts nécessitaient encore du temps pour que les fonds soient effectivement déplacés entre les banques, entraînant des risques de découvert. Avec les paiements instantanés, ces contraintes sont éliminées, offrant un « transfert de valeur finale immédiat », selon la Banque nationale suisse (BNS).
Une nouvelle norme nécessaire en Suisse
Jusqu'à récemment, la Suisse, pourtant réputée pour son secteur bancaire, peinait à offrir des services de paiement rapides. Les transferts d'argent pouvaient prendre plusieurs heures, voire des jours, pour être finalisés. Avec l'introduction des paiements instantanés, considérés comme une version « premium » de Twint, cette situation appartient désormais au passé. Désormais, en seulement dix secondes, les fonds, dont le plafond est fixé à 20 000 francs, sont transférés.
Ce nouveau service a été développé par la Banque nationale suisse (BNS) en collaboration avec l'opérateur boursier SIX, dans le cadre d'un effort pour moderniser le système bancaire suisse et le rendre plus compétitif au niveau européen. Cette technologie est actuellement disponible dans une soixantaine d'établissements financiers, couvrant plus de 95 % des transactions bancaires en Suisse. D'ici la fin de 2026, il est prévu que l'ensemble des banques suisses adopte cette méthode de paiement.
Un service payant, mais des alternatives existent
Si les paiements instantanés promettent de révolutionner le quotidien des utilisateurs, ils ne sont pas pour autant gratuits. Les frais appliqués varient en fonction des établissements bancaires, avec UBS en tête, qui facture cinq francs par transaction, quel que soit le montant. D'autres banques, comme la Banque cantonale bernoise et l'Hypothekarbank Lenzburg, proposent ce service gratuitement ou avec des frais réduits. Ainsi, les clients devront comparer les coûts pour déterminer quelle solution leur convient le mieux. Twint, de son côté, prévoit également de proposer prochainement un service similaire, ce qui pourrait offrir une alternative compétitive aux utilisateurs.
De plus, cette nouvelle méthode de paiement pourrait à terme concurrencer les cartes de débit et de crédit, souvent critiquées pour leurs frais élevés. Pour les commerçants, le paiement instantané présente l'avantage d'être rapide et potentiellement moins coûteux, en évitant les frais liés aux terminaux de paiement et aux services des sociétés de cartes.
Un terrain fertile pour les fraudes
Cependant, l'immédiateté des paiements n'est pas sans danger. Comme l'a souligné Romano Ramanti, un « ethical hacker » à la Banque cantonale de Zurich, les paiements instantanés, à l'instar des transactions sur Twint, pourraient également faciliter les fraudes. En effet, les escrocs, en se faisant passer pour de faux policiers ou d'autres figures d'autorité, peuvent inciter leurs victimes à effectuer des paiements instantanés, rendant toute annulation de la transaction impossible une fois le piège découvert.
Le Royaume-Uni a déjà été confronté à ce problème, avec une « épidémie de fraude » qui a coûté 583 millions de livres en 2021. Face à ces risques, les banques suisses sont appelées à renforcer leurs mesures de sécurité pour protéger leurs clients, soulignant ainsi que cette révolution des paiements ne profite pas uniquement aux utilisateurs honnêtes.