Une enquête réalisée par la société de conseil PwC, dévoilée en marge du World Economic Forum (WEF) de Davos, montre une tendance inattendue : 56 % des patrons suisses anticipent une croissance mondiale et 68 % pensent qu’elle s’appliquera directement à la Suisse. Il y a un an, les perspectives étaient bien plus sombres, la majorité des CEO s’attendant à une contraction économique.
Les dirigeants expliquent cet optimisme par une adaptation face aux crises : ils ont appris à planifier à court terme, en revoyant leurs stratégies sur des horizons trimestriels plutôt que sur plusieurs années. En outre, la Suisse est perçue comme un marché stable et indépendant des grandes puissances économiques, ce qui renforce la confiance des investisseurs.
La question climatique reléguée au second plan
Selon l’étude, seuls 1 % des patrons suisses considèrent le changement climatique comme une menace pour leurs activités. Pourtant, 91 % des entreprises continuent d’investir dans des initiatives respectueuses de l’environnement et poursuivent leurs objectifs de neutralité carbone. Toutefois, beaucoup de dirigeants affirment vouloir réduire les discussions autour du climat, une réaction en partie liée au « greenbashing », des critiques qu’ils jugent excessives concernant leur engagement environnemental.
Le directeur suisse de PwC, Gustav Baldinger, souligne également la complexité des réglementations environnementales, perçues comme coûteuses et bureaucratiques. Pour de nombreux CEO, ces obligations ne reflètent pas leur réalité opérationnelle, ce qui freine encore davantage leurs actions climatiques.
Cybercriminalité et incertitudes géopolitiques : des priorités en hausse
Alors que la préoccupation pour le climat diminue, d’autres risques prennent le devant de la scène. La cybercriminalité est désormais identifiée comme le principal danger par les entreprises suisses. Dans un contexte marqué par une digitalisation accélérée, cette menace demande des ajustements constants pour sécuriser les données et les infrastructures.
Par ailleurs, les conflits géopolitiques et les bouleversements macroéconomiques inquiètent davantage les dirigeants. Bien que les principaux partenaires commerciaux de la Suisse, tels que l’Allemagne et la Chine, rencontrent des difficultés économiques, les patrons restent convaincus que le marché suisse peut compenser ces incertitudes.
Une stratégie économique recentrée sur la Suisse
Malgré ces défis, près de la moitié des CEO prévoient d’augmenter leurs investissements en Suisse au cours des 12 prochains mois. Cette volonté d’ancrage local reflète à la fois la confiance dans la résilience du pays et une prudence face à l’instabilité internationale.
