La Suisse connaît un véritable essor de la pratique du vélo. Selon une étude réalisée en 2021 par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et l’Office fédéral du développement territorial (ARE), plus de 60 % des ménages suisses possèdent au moins un vélo. Parmi ceux-ci, 20 % ont acquis un vélo électrique, une proportion trois fois plus importante qu’en 2015.
Cette évolution témoigne de l’engouement croissant des Suisses pour les deux-roues, en particulier les vélos électriques, dont les ventes ne cessent d’augmenter. En 2023, 395 036 vélos et e-bikes ont été vendus dans le pays, bien que ce chiffre ait baissé par rapport à la période de forte demande durant la pandémie, indique 24 heures.
En réponse à cette tendance, la Suisse a adopté une loi en 2018 visant à étendre son réseau de pistes cyclables. Ce projet a été renforcé en 2023 par la mise en place d’une législation spécifique pour le développement de nouvelles voies cyclables. Ce cadre législatif prévoit que d’ici 2042, chaque canton devra garantir la construction de réseaux continus et sécurisés pour les cyclistes. Selon les prévisions de l’Office fédéral des routes (Ofrou), le nombre de kilomètres parcourus à vélo pourrait atteindre 5,3 milliards d’ici 2035, contre 2,7 milliards en 2021, un objectif ambitieux qui repose sur un soutien accru aux infrastructures, rapporte la source.
La proposition de la droite : une vignette vélo à 20 francs par an
Dans ce contexte de développement des infrastructures cyclables, la question de la taxe sur les vélos fait son retour, portée par la droite. Dimanche, Nina Fehr Düsel, conseillère nationale UDC, a annoncé son intention de proposer une motion pour réintroduire une vignette vélo de 20 francs par an. Selon la députée, cette taxe permettrait de financer une partie du développement des infrastructures cyclables, dont les besoins sont jugés croissants au vu de l’augmentation de la circulation à vélo, selon Blick.
Les partisans de cette mesure estiment que la vignette vélo générerait environ 90 millions de francs par an, une somme qui serait affectée à l’amélioration des réseaux cyclables. En 2021, près de 61 % des ménages suisses possédaient un vélo, ce qui signifie que la taxe toucherait une majorité de la population.
Si cette proposition trouve un large soutien au sein des partis bourgeois, notamment l’UDC, elle n’est cependant pas sans controverse. Certains estiment que l’introduction de cette vignette vélo serait une manière de soutenir le développement du vélo, alors que d’autres jugent qu’elle risquerait de décourager une pratique pourtant en pleine expansion.
L’opposition des défenseurs du cyclisme : une mesure contre-productive
La proposition de la vignette rencontre une forte opposition, en particulier de la part des associations de cyclistes, dont Pro Velo. La présidente de l’association, Delphine Klopfenstein Broggini, a publiquement déclaré que, « au lieu de taxer les cyclistes, on devrait les remercier », soulignant que les cyclistes contribuent déjà à la réduction des émissions de CO2 et à la diminution de la congestion routière, rapporte Blick.
Selon Pro Velo, une taxe serait contre-productive, car elle pourrait décourager l’utilisation du vélo, notamment parmi les cyclistes occasionnels, et donner une image négative du vélo comme mode de transport.
L’association propose plutôt que les fonds nécessaires au financement des infrastructures cyclables soient levés autrement, via des subventions publiques ou une réallocation des ressources existantes. Les défenseurs du vélo estiment également qu’une taxe sur les vélos pénaliserait particulièrement les personnes qui utilisent le vélo comme alternative à la voiture, et qui bénéficient déjà d’avantages en matière de réduction de l’empreinte écologique.