Le canton de Vaud expérimente une mesure audacieuse pour limiter l’usage de la voiture individuelle et favoriser le train. Un abonnement ferroviaire 100 % gratuit est proposé aux automobilistes acceptant de laisser leur véhicule au garage durant une période définie.
Cette initiative, menée par les autorités cantonales et les Transports publics vaudois (TPV), vise à désengorger les axes routiers, particulièrement saturés aux heures de pointe. Avec un réseau ferroviaire en constante expansion et un trafic routier en hausse de 10 % en dix ans, ce programme pourrait servir de modèle pour d’autres régions suisses.
Une incitation financière pour changer les habitudes
Le programme pilote, baptisé « Mobilité alternative Vaud », s’adresse aux automobilistes réguliers et vise à remplacer temporairement l’usage de la voiture par les transports en commun. Les participants bénéficient d’un abonnement de train gratuit d’une durée de trois mois, valable sur les lignes CFF, MOB et LEB, qui dessert la majorité du territoire cantonal.
Pour être éligibles, les candidats doivent prouver qu’ils utilisent leur voiture pour des trajets domicile-travail et s’engager à ne pas l’utiliser pendant la période de test. Un dispositif de suivi anonyme, basé sur des déclarations et des contrôles aléatoires, permet de vérifier le respect des engagements.
Selon les statistiques des Transports publics vaudois (TPV), près de 65 % des Vaudois utilisent encore leur voiture pour aller travailler, alors que 50 % d’entre eux résident à moins de 10 km de leur lieu de travail. L’objectif de cette initiative est de convaincre au moins 30 % des participants d’adopter durablement les transports en commun après la fin de la période gratuite.
En parallèle, le canton a investi près de 150 millions de francs suisses dans l’amélioration des infrastructures ferroviaires au cours des cinq dernières années. Une meilleure desserte, une fréquence accrue et des trains plus confortables font partie des leviers pour rendre l’offre de transport plus attractive.
Un test aux résultats attendus avec intérêt
Le projet pilote, qui débute avec un millier de participants, permettra d’analyser l’efficacité d’une incitation financière sur les changements de comportement. L’expérience sera suivie de près par les chercheurs en mobilité de l’Université de Lausanne, qui mesureront le taux de conversion définitivement après la fin des trois mois d’essai.
Le coût estimé de cette première phase est de 3 millions de francs suisses, financés par le canton et les entreprises de transport partenaires. Si les résultats sont convaincants, une extension à d’autres régions vaudoises pourrait être envisagée dès l’année prochaine.
D’autres pays ont déjà testé des modèles similaires. À Paris, l’expérimentation d’un pass transport offert pendant six mois aux jeunes actifs a entraîné une baisse de 12 % du trafic automobile dans les zones concernées. À Vienne, où les abonnements annuels sont subventionnés pour atteindre un tarif symbolique de 365 euros par an, la part modale des transports publics dépasse 40 %.