Menacé par un possible effondrement, ce village alpin cherche à se protéger

À Kandersteg, une roche instable menace le village. Une carte des dangers pourrait bloquer les constructions et fragiliser l’économie.

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village Kandersteg
Menacé par un possible effondrement, ce village alpin cherche à se protéger | Econostrum.info - Suisse

Le Spitz Stein, sommet culminant à 2974 mètres, est en mouvement constant depuis plusieurs années. Selon Blick, ce phénomène géologique s’est accéléré depuis 2019 et pourrait, dans le pire des scénarios, provoquer la chute de 18 millions de mètres cubes de roche.

Une telle catastrophe engendrerait des laves torrentielles et des inondations, menaçant directement le village. Pour faire face à cette situation, des mesures de précaution ont été mises en place, notamment l’interdiction d’utiliser certaines infrastructures comme la piste de luge reliant le lac d’Oeschinen à Kandersteg.

En 2022, le canton de Berne a imposé une « zone de planification » soumettant la région à des restrictions temporaires de construction. En complément, une carte des dangers est en cours de révision et pourrait imposer de nouvelles règles en fonction du niveau de risque attribué à chaque zone. Trois catégories sont prises en compte : faible, moyen et important. Le problème majeur pour Kandersteg est que son centre, où se trouvent commerces et hôtels, pourrait être classé en zone rouge, entraînant des interdictions strictes en matière d’urbanisme.

Une menace directe pour le commerce et le tourisme

Dans le centre du village, les commerçants ressentent déjà les effets de la situation. Katharina Steiner, propriétaire d’un magasin de sport, observe une baisse significative de la fréquentation touristique, comme elle l’explique à Blick. La fermeture de la piste de luge a réduit l’afflux de visiteurs et, par conséquent, le chiffre d’affaires des commerces locaux.

L’impact de cette situation va bien au-delà d’une simple baisse saisonnière. Casimir Platzer, propriétaire de l’hôtel Belle-Époque Victoria et ancien président de Gastrosuisse, s’inquiète des restrictions qui pourraient être imposées si le centre du village était définitivement classé en zone rouge.

Selon lui, cette classification empêcherait toute extension et limiterait même certaines rénovations. Il souligne dans la même source que bien que des transformations restent possibles, l’interdiction d’agrandir les établissements nuirait gravement à l’activité hôtelière et commerciale à long terme.

René Maeder, président du conseil municipal, partage ces inquiétudes. Il estime qu’une classification en zone rouge mettrait en péril la vocation touristique du village. Il précise dans la même source, que si 60 % des lits d’hôtel de Kandersteg étaient concernés, l’économie locale en souffrirait lourdement.

Il insiste également sur le fait que les habitants et les visiteurs ne courraient pas de risque immédiat en cas d’éboulement, car les autorités seraient en mesure d’alerter la population 48 heures à l’avance et d’organiser des évacuations. Selon lui, cette capacité d’anticipation devrait être prise en compte dans l’évaluation des risques.

Une opposition locale face aux décisions du canton

Face à cette menace, une cinquantaine de résidents et entrepreneurs ont formé une communauté d’intérêts sous l’impulsion de Casimir Platzer. Leur objectif est d’éviter que le centre de Kandersteg soit placé en zone rouge. Pour cela, ils demandent une réévaluation du risque et souhaitent que de nouveaux calculs soient réalisés pour affiner les prévisions. Selon Blick, ces acteurs locaux espèrent qu’une nouvelle analyse permettra de revoir le zonage et d’atténuer les restrictions prévues.

Le conseil municipal a également commandé une expertise indépendante afin de vérifier l’exactitude des estimations actuelles. René Maeder souligne dans le média qu’il est primordial de s’assurer que les données utilisées pour établir la carte des dangers sont précises. Une erreur dans les calculs pourrait condamner le village à des restrictions injustifiées pour les décennies à venir.

Si la dangerosité du Spitz Stein est confirmée, la municipalité envisage la construction d’infrastructures de protection pour sécuriser la zone. Cependant, ces aménagements représenteraient un investissement de plusieurs millions de francs, une somme que la commune ne peut assumer seule. René Maeder appelle donc le canton et la Confédération à apporter un soutien financier, rappelant que des moyens considérables ont été mobilisés pour la sécurisation du dépôt de munitions de Mitholz.

Un enjeu qui dépasse Kandersteg

Pour René Maeder et Casimir Platzer, l’issue de ce dossier pourrait avoir des répercussions bien au-delà de leur village. Ils estiment que d’autres communes suisses de montagne pourraient être confrontées à des situations similaires à l’avenir. Selon Blick, le président du conseil municipal met en garde contre une multiplication des interdictions de construire dans des zones à risque, ce qui pourrait avoir des conséquences sur l’ensemble des régions alpines.

Le canton de Berne relativise ces inquiétudes. Il rappelle que 5160 hectares sont actuellement classés en zone rouge dans tout le canton, dont 197 hectares situés en zones urbanisées. Des quartiers comme la Matte, dans la vieille ville de Berne, sont également soumis à de telles restrictions. Dans ce contexte, les autorités cantonales estiment que Kandersteg ne constitue pas un cas exceptionnel.

Le débat reste ouvert, mais l’inquiétude des habitants et des commerçants est bien réelle. À Kandersteg, la décision finale sur la classification du centre du village devrait être prise d’ici fin 2026. D’ici là, les acteurs locaux continueront à se mobiliser pour défendre l’avenir de leur commune.

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