Le gouvernement américain a décidé d’imposer des droits de douane de 32 % sur certains produits en provenance de la Suisse. Cette décision, bien qu’épargnant l’industrie pharmaceutique, touche gravement d’autres secteurs stratégiques, particulièrement ceux qui ne produisent pas directement sur le sol américain. Les entreprises suisses se voient contraintes d’adapter leur modèle économique face à cette situation, d’autant que le marché américain reste un axe crucial pour leurs exportations.
Les conséquences de cette politique protectionniste ne se limitent pas à une simple augmentation des coûts pour les entreprises. En effet, l’impact pourrait également nuire à l’image de certaines marques suisses emblématiques, et cela pourrait modifier les comportements des consommateurs américains, sensibles aux prix.
Nespresso face aux nouvelles taxes : délocalisation à l’horizon ?
Nespresso, la célèbre marque de capsules de café appartenant au géant Nestlé, se retrouve dans une situation délicate. La majorité des produits Nestlé vendus aux États-Unis sont fabriqués localement, mais Nespresso est une exception : ses capsules sont exclusivement produites en Suisse. En raison des nouvelles taxes douanières de 32 %, l’entreprise devra envisager une hausse des prix, ce qui pourrait avoir un impact sur la croissance de son système de capsules Vertuo sur le marché américain.
Selon une porte-parole de Nestlé, l’option de délocaliser la production de capsules aux États-Unis est envisagée, mais pour l’instant, la situation reste trop floue pour une prise de décision, comme l’indique Blick. Nespresso se retrouve donc à un carrefour stratégique, où une réorganisation de la production pourrait être la clé pour contourner l’impact des droits de douane.
La décision de déplacer la production pourrait permettre à Nespresso de contourner les nouvelles taxes et de maintenir ses prix compétitifs. Cependant, cette solution n’est pas sans conséquences, car elle impliquerait un réajustement du modèle de production à long terme, avec des implications financières importantes.
Weleda et Lindt : ajuster sans bouleverser
Dans le secteur des cosmétiques, Weleda doit également faire face à ces nouvelles taxes. La marque, déjà bien établie aux États-Unis, bénéficie de la popularité de ses produits grâce à des célébrités comme Hailey Bieber. Néanmoins, l’impact des taxes douanières pourrait freiner l’expansion de l’entreprise sur ce marché. Tina Müller, directrice générale de Weleda, avait initialement espéré que le secteur cosmétique serait exempté de ces taxes, mais cette option a été écartée.
Actuellement, l’entreprise étudie la possibilité de conditionner ses produits directement aux États-Unis pour minimiser l’impact des droits de douane sur le consommateur américain. Cependant, une production locale ne semble pas être une option envisageable, comme le mentionne le média helvétique.
De son côté, Lindt & Sprüngli semble moins affectée par cette situation. Le chocolatier zurichois possède plusieurs sites de production aux États-Unis, ce qui limite l’impact des taxes sur ses produits. Environ 95 % de son chocolat vendu aux États-Unis provient de ses usines locales, ce qui atténue les effets de la hausse des prix. Néanmoins, les produits en provenance d’Europe, moins nombreux, seront eux aussi soumis à des tarifs douaniers, ce qui pourrait entraîner une légère hausse des prix pour les consommateurs, selon la même source.
Victorinox et On : résister ou s’adapter ?
Victorinox, le fabricant du célèbre couteau suisse, voit également ses marges comprimées par ces nouvelles taxes. Le marché américain représente plus de 20 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Cependant, Carl Elsener, le PDG de l’entreprise, a clairement indiqué que la délocalisation de la production n’était pas à l’ordre du jour. « Cette icône suisse est indissociable de la promesse de qualité ‘Made in Switzerland’ », a-t-il souligné, refusant ainsi de compromettre la réputation de la marque. Victorinox cherche à adapter ses prix tout en préservant son image, en analysant les possibilités d’ajustements avec sa filiale américaine.
Pour On, la situation est encore plus compliquée. Le fabricant de chaussures de course, qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires total aux États-Unis, souffre particulièrement des taxes douanières. La production de ses chaussures provient en grande majorité du Vietnam, également soumis à des taxes douanières élevées. Bien qu’On suive de près l’évolution de la situation, la marque ne prévoit pas de délocaliser sa production, un processus qui pourrait prendre de 8 à 10 ans et engendrer des coûts salariaux plus élevés aux États-Unis, comme l’indique Blick.