L’artisanat et l’industrie, autrefois des piliers du marché du travail suisse, ont vu leur poids diminuer drastiquement, tandis que les professions intellectuelles et scientifiques connaissent une expansion rapide. Selon les chiffres récents de l’Office fédéral de la statistique, cette transformation illustre l’évolution socio-économique du pays, où le savoir et les services prennent le pas sur le travail manuel.
Il y a 50 ans, près d’un tiers des hommes suisses exerçaient un travail manuel. Aujourd’hui, seuls 15% des hommes actifs sont encore dans ce secteur, et moins de 3 % des femmes y travaillent. En revanche, les métiers scientifiques et intellectuels représentent près de 27 % de l’emploi total, une augmentation spectaculaire depuis les années 1970.
L’artisanat et l’industrie en net recul
Le marché du travail suisse a subi une profonde transformation au fil des décennies. En 1970, l’artisanat et les professions manuelles occupaient plus de 22 % de la population active. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à moins de 9%. Cette baisse s’explique en grande partie par l’automatisation, qui a réduit la demande de main-d’œuvre dans l’industrie et remplacé des emplois répétitifs autrefois essentiels au bon fonctionnement des chaînes de production.
Simultanément, le nombre de travailleurs dans les bureaux a diminué. En 1970, plus de 20 % de la population active exerçait des professions de bureau. Ce chiffre a chuté à environ 13 % en 2023. Ce phénomène s’accompagne de la montée en puissance des métiers plus techniques et qualifiés, qui bénéficient de la demande croissante pour des compétences spécifiques dans un marché de plus en plus tourné vers le numérique et la technologie.
Essor des professions intellectuelles et scientifiques
En parallèle, les professions intellectuelles et scientifiques ont connu un essor considérable. Alors qu’en 1970, elles ne représentaient que 7,7 % de la population active, elles représentent aujourd’hui près de 27 %. Cette évolution est particulièrement marquée chez les femmes, qui occupent une part légèrement supérieure dans ces professions par rapport aux hommes.
Cette augmentation est directement liée à l’accès croissant à l’éducation supérieure, en particulier pour les jeunes femmes suisses. La montée en compétence de la population active a permis à la Suisse de se tourner davantage vers les secteurs à forte valeur ajoutée, où l’innovation, la recherche et les technologies de pointe jouent un rôle crucial.
Le rôle déterminant des femmes et des travailleurs étrangers
Le rôle des femmes sur le marché du travail suisse a été un facteur clé de cette transformation. En l’espace de 50 ans, leur nombre a presque doublé, augmentant de 1,3 million. Cette dynamique s’est accompagnée d’une hausse du travail à temps partiel, souvent lié aux responsabilités domestiques et familiales qui restent traditionnellement assumées par les femmes.
Par ailleurs, la part des travailleurs étrangers a également augmenté, passant de 19,2 % en 1970 à 27,5 % en 2023. Leur présence est particulièrement forte dans les secteurs intellectuels et scientifiques, ainsi que dans les métiers techniques et de direction. Ces travailleurs sont devenus essentiels au bon fonctionnement de certains secteurs industriels, dont plusieurs dépendent presque exclusivement de la main-d’œuvre étrangère.
Un secteur tertiaire en pleine expansion
L’économie suisse suit une trajectoire typique des pays développés, où le secteur des services et des métiers du savoir se développent à un rythme plus rapide. En plus de leur forte croissance, ces secteurs génèrent une valeur ajoutée plus importante, contribuant ainsi à la prospérité du pays. Toutefois, cette évolution s’accompagne d’un défi majeur, à savoir l’intégration des travailleurs moins qualifiés, dont les métiers disparaissent progressivement.