Le marché immobilier suisse, bien qu’il soit perçu comme stable et attrayant, se distingue par des réalités où les acquéreurs étrangers jouent un rôle clé, notamment dans les régions les plus prisées. Si certaines villes, comme Le Locle, semblent davantage accessibles aux acheteurs locaux, d’autres, comme Kilchberg, se voient envahies par une clientèle internationale prête à dépenser des sommes considérables.
L’influence des acheteurs étrangers est de plus en plus visible dans la fixation des prix et dans la dynamique du marché, créant un fossé entre les résidents suisses et les investisseurs étrangers. Ces derniers ont effectivement un avantage dans ce secteur, un phénomène de plus en plus marqué, qui soulève des questions sur les inégalités d’accès à la propriété.
Le Locle : un marché sous pression face à l’attrait des investisseurs étrangers
Au Locle, une petite ville du canton de Neuchâtel, le marché immobilier semblait encore abordable, avec des prix oscillant entre 3500 et 5000 francs suisses le mètre carré, selon RTS.ch. Mais la réalité est en train de changer. La demande, bien que toujours modérée, connaît un regain d’intérêt, notamment en raison de l’intérêt croissant des investisseurs étrangers. Bien que les prix soient encore relativement bas en comparaison avec des villes comme Zurich, des signes de revalorisation commencent à apparaître.
Le Locle, malgré ses atouts comme sa tranquillité et sa proximité avec la France, est frappé par des défis économiques, principalement dus à sa dépendance à l’industrie horlogère, qui a vu son poids dans l’économie se réduire au fil des années. Cependant, l’arrivée de nouveaux investisseurs, qu’ils soient suisses ou étrangers, semble redonner un peu de dynamisme à la région. Les investisseurs étrangers, en particulier ceux venus d’Asie ou d’Europe, commencent à s’intéresser à cette région pour ses prix encore attractifs et ses possibilités de revalorisation à long terme.
La construction d’un tunnel à deux voies prévu pour 2032, qui désengorgera le trafic frontalier, pourrait également attirer davantage de demande sur Le Locle, notamment de la part d’acquéreurs étrangers. Cela serait susceptible de faire grimper les prix, offrant ainsi aux investisseurs une belle occasion d’engranger des bénéfices, mais aussi de poser la question de l’accessibilité du marché pour les résidents locaux. Dans une ville où de plus en plus de personnes s’installent uniquement parce que les prix y sont bas, les habitants craignent que cette tendance ne prive les familles locales de leurs chances d’acquérir un bien immobilier.
Les investisseurs étrangers viennent souvent avec une capacité financière supérieure, ce qui leur permet de négocier rapidement et d’acquérir des propriétés à des prix plus élevés que ceux proposés initialement. Ce phénomène accentue la pression sur un marché déjà tendu, où l’offre reste limitée. Les familles locales doivent ainsi faire face à la réalité : des prix toujours plus hauts, des biens de moins en moins accessibles et une compétition accrue avec des investisseurs plus fortunés.
Kilchberg : l’impact de la clientèle internationale sur les prix
Kilchberg, une commune résidentielle de luxe au bord du lac de Zurich, offre un aperçu frappant de l’avantage dont bénéficient les acheteurs étrangers dans le marché immobilier suisse. Avec des prix du mètre carré pouvant atteindre 35’000 francs suisses, Kilchberg représente une enclave réservée à une clientèle extrêmement fortunée, dont une part importante provient de l’étranger. Les investisseurs internationaux, notamment d’Europe, des États-Unis et d’Asie, sont constamment en quête de propriétés haut de gamme avec des vues imprenables sur le lac de Zurich et une proximité immédiate avec la ville.
Les maisons et appartements de luxe à Kilchberg, dont le prix dépasse souvent plusieurs millions de francs, attirent des acquéreurs prêts à dépenser des sommes considérables. L’une des raisons de cet afflux est la qualité de vie exceptionnelle que la région offre : écoles internationales, liaisons de transport rapide vers Zurich et l’aéroport, ainsi que des infrastructures de luxe. Cette localisation idéale pour les expatriés et les cadres supérieurs vient compléter un cadre de vie prestigieux, attirant ainsi des acheteurs étrangers aux revenus élevés, qui trouvent en Suisse une stabilité politique et fiscale qu’ils ne retrouvent peut-être pas dans leur pays d’origine.
Pour ces acheteurs, acquérir une propriété à Kilchberg est bien plus qu’un investissement immobilier : c’est un choix de style de vie. Ils bénéficient également d’une flexibilité financière que n’ont pas nécessairement les résidents suisses, qui se voient souvent exclus de ces marchés immobiliers de luxe. Bien que la majorité des acheteurs à Kilchberg soient suisses, environ 30 % des transactions concernent des étrangers, ce qui est un pourcentage élevé compte tenu de la nature élitiste du marché. Les familles étrangères ne cherchent pas seulement une maison, mais un cadre de vie avec des écoles adaptées à leurs enfants et des infrastructures de qualité. Ce profil d’acheteur est totalement différent de celui des suisses traditionnels qui, faute de moyens, sont progressivement exclus de ce marché.
L’un des problèmes majeurs soulevés par l’arrivée de ces investisseurs étrangers à Kilchberg est l’inaccessibilité croissante des prix pour les jeunes générations et les personnes au revenu moyen. Les jeunes habitants sont contraints de chercher des solutions ailleurs, souvent loin des bords du lac, dans des zones plus abordables mais moins attractives.
