Scandale du marché automobile suisse : des réseaux criminels profitent des failles législatives

En Suisse, le commerce automobile connaît une forte croissance, mais cette prospérité attire également les réseaux criminels. Fraudes, blanchiment d’argent et corruption gangrènent un secteur où les garagistes honnêtes peinent à concurrencer des acteurs peu scrupuleux.

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Marché automobile
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Le commerce des véhicules d’occasion attire des réseaux criminels qui profitent des lacunes législatives suisses. En parallèle, le nombre de concessionnaires a bondi de 63 % entre 2011 et 2022, alors que les immatriculations n’ont progressé que de 13 % sur la même période.

Récemment, une enquête judiciaire a révélé des fraudes massives, impliquant un expert automobile bernois et près de 30 suspects. Ce scandale met en lumière un réseau bien organisé qui profite des failles du système suisse.

Une criminalité facilitée par les failles législatives

Le marché automobile suisse est particulièrement attractif pour les activités criminelles, notamment à cause de son cadre réglementaire permissif. Contrairement à d’autres pays européens, la Suisse autorise des paiements en espèces allant jusqu’à 90 000 francs sans obligation de justifier leur provenance. Cela permet aux réseaux criminels de blanchir des fonds en toute discrétion.

Des concessionnaires achètent parfois des garages après seulement deux ans d’activité, une ascension financière difficilement explicable sans ressources illicites. Ces fonds proviennent souvent du trafic de drogue ou de la prostitution, transitent par les voitures d’occasion avant d’être investis dans l’immobilier. Les immeubles ainsi acquis sont ensuite rénovés au noir par des ouvriers étrangers mal rémunérés.

Des pratiques douteuses touchent aussi les grandes entreprises. Les groupes automobiles proposent des enchères en ligne pour les véhicules d’occasion, mais les prix payés dépassent souvent leur valeur réelle. Ces anomalies révèlent une manipulation flagrante du marché automobile suisse.

La fraude au contrôle technique et les conséquences pour les automobilistes

Selon Watson, l’enquête judiciaire ouverte en 2023 a révélé que des véhicules endommagés avaient été validés fictivement par un expert automobile en échange de pots-de-vin. Cet homme, ancien inspecteur du Touring Club Suisse (TCS) et conseiller communal dans le canton de Berne, aurait certifié 1332 véhicules non conformes sur une période de 13 ans.

Les garagistes peu scrupuleux maquillent les voitures pour leur donner un aspect acceptable, avant de les revendre à des prix élevés. Des pièces neuves sont parfois installées temporairement pour réussir le contrôle technique, puis remplacées par des pièces défectueuses. Ce système met en danger les automobilistes, comme en témoigne un accident évité de justesse en 2021 sur l’autoroute A1 : une roue d’un Land Rover s’était détachée, révélant des réparations douteuses effectuées dans un garage lié à un réseau criminel.

Des grandes compagnies d’assurance participent indirectement à ce système en vendant des épaves de véhicules à des acheteurs étrangers. Ces voitures sont ensuite clonées en utilisant les données de véhicules volés en Europe, puis revendues en Suisse sous une fausse identité.

Des professionnels honnêtes en difficulté face aux criminels

Les garagistes respectables dénoncent la concurrence déloyale des acteurs criminels qui manipulent le marché automobile. Certains corrompent les vendeurs de grandes concessions pour obtenir des prix avantageux, en offrant jusqu’à 500 francs par voiture. D’autres surévaluent les factures pour blanchir de l’argent et gonfler artificiellement la valeur assurée des véhicules.

Malgré ces abus, les autorités fiscales suisses semblent réticentes à intervenir, car ces criminels figurent parmi les meilleurs contribuables. Les professionnels demandent une réforme en profondeur, avec des règles inspirées de l’Italie où les vendeurs doivent prouver la légalité de leurs revenus. Cette mesure pourrait limiter l’impunité actuelle et assainir un marché devenu incontrôlable.

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