Le marché immobilier en Suisse est sous tension depuis plusieurs années, entraînant une pénurie croissante. Récemment, Raiffeisen Suisse a révélé qu'en seulement deux ans, l'offre de logements a diminué de moitié. Cela entraîne une augmentation significative des loyers, et le Conseil fédéral est accusé d'être responsable de cette situation, selon Fredy Hasenmaile, chef économiste du groupe Raiffeisen.
Décidément, rien ne va sur le marché du logement suisse. Les permis de construire sont moins nombreux, ce qui a conduit à une baisse des nouvelles constructions. En conséquence, les locataires peinent à trouver un logement disponible sur les différents portails spécialisés. La demande ne cesse de croître, mais l'offre reste désespérément insuffisante.
Les loyers deviennent incontrôlables
La principale conséquence de cette pénurie est l'augmentation des loyers. En effet, selon le rapport récent de Raiffeisen Suisse, au cours du deuxième trimestre, les prix ont augmenté de 6,4 % par rapport à la même période l'année précédente. C'est la plus forte hausse observée depuis 1992, soit depuis plus de 30 ans.
Dans un premier temps, la situation concerne principalement les locataires « qui doivent déménager et sont désormais confrontés à des loyers nettement plus élevés ». En revanche, les ménages déjà en place bénéficient d’un loyer basé sur le taux d'intérêt de référence hypothécaire qui s'est récemment stabilisé à 1.75 %. Ce taux ne devrait pas entraîner de nouvelles hausses au cours des deux prochaines années.
Toutefois, ces ménages pourraient être contraints de déménager à l'avenir et seront également affectés par la montée des loyers. « Ces loyers initiaux élevés toucheront tôt ou tard presque tout le monde », affirment les spécialistes de Raiffeisen.
Le Conseil fédéral pointé du doigt
Aucune amélioration n'est en vue, et le problème semble s'aggraver, selon l'expert Fredy Hasenmaile. Il affirme que bien que la Confédération ait tenté de réviser sa stratégie d'aménagement du territoire, elle n'a pas montré « une ligne plus claire - ou davantage de leadership -, d'autant plus qu'elle n'est pas tout à fait innocente dans ce malaise ».
Il critique également le manque de réactivité dans la densification urbaine. « On aurait pu s'en douter ! Ou au moins inclure cette possibilité parmi les scénarios possibles », a-t-il poursuivi.
« Nous sommes donc sur la bonne voie »
En réponse aux critiques de Fredy Hasenmaile, l'Office fédéral du développement territorial précise que « que l'aménagement du territoire relève de la compétence des cantons en vertu de la Constitution ». Ce sont donc les cantons qui doivent mettre en œuvre la première révision de la loi et veiller à ce que les communes adaptent leurs plans d'affectation.
Quant à la lenteur de la densification, plusieurs facteurs en sont la cause, notamment les conditions locales et les ressources en personnel. La Confédération se limite à conseiller et surveiller, et l'idée qu'elle « aurait dû en faire plus pour accélérer les choses, ce n'est donc pas correct. ». « Nous constatons en outre que la densification des constructions augmente - nous sommes donc sur la bonne voie », a déclaré une porte-parole de l'Office fédéral du développement territorial (ARE).