Crise du logement à Zurich : les riches ont trop d’appartements de luxe inoccupés

À Zurich, des centaines d’appartements de luxe restent vacants alors que la demande de logements abordables reste insatisfaite, creusant un fossé entre l’offre et les besoins réels.

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logement à Zurich
Crise du logement à Zurich : les riches ont trop d’appartements de luxe inoccupés : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

La recherche d’un logement dans les grandes villes suisses devient un défi de plus en plus complexe, notamment pour les ménages à revenus modestes ou moyens. Zurich, la capitale économique de la Suisse, est l’une des villes où cette crise se fait particulièrement sentir. 

En effet, alors que la demande de logements accessibles explose, le marché immobilier haut de gamme se trouve saturé d’appartements de luxe… inoccupés. Ce phénomène soulève des questions sur la manière dont le marché immobilier est structuré, et la véritable adéquation entre l’offre et la demande.

L’excédent de logements de luxe : une offre déconnectée des besoins réels

Zurich, ville en pleine effervescence économique, fait face à un paradoxe marqué par l’excédent de logements de luxe dans certains quartiers prisés. Tandis que des centaines d’appartements de luxe restent vacants, la demande de logements plus abordables est insatisfaite. Un exemple flagrant se trouve dans le quartier huppé de Witikon, où 34 des 127 appartements d’un complexe résidentiel sont toujours disponibles, malgré des loyers mensuels qui varient entre 3 090 et 4 790 francs pour des logements allant de 3,5 à 5,5 pièces. Ces appartements, prêts à être occupés depuis le mois de mai, n’ont toujours pas trouvé preneur, et la date de disponibilité a été repoussée à octobre. Ce retard dans l’occupation pose une question centrale : la construction immobilière répond-elle vraiment aux besoins de la population zurichoise ?

L’expert immobilier Donato Scognamiglio confirme cette tendance en soulignant que si des appartements restent vides dans le marché actuel, c’est soit en raison d’une qualité insuffisante, soit à cause de loyers trop élevés, rapporte Blick. Ces appartements de luxe, dont certains se trouvent dans des quartiers recherchés tels que Seefeld, présentent des prix parfois stratosphériques : un 2 pièces est proposé à 3 550 francs, tandis que les loyers pour de spacieux 3,5 pièces peuvent atteindre entre 5 500 et 6 400 francs par mois. Et ces prix ne sont pas une exception : de nombreux autres complexes similaires, y compris ceux proposés par des géants comme UBS, sont également confrontés à des difficultés pour attirer des locataires.

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Une demande toujours plus forte pour les logements abordables

Si le marché du luxe peine à trouver preneur, le même phénomène ne se produit pas dans le segment des logements plus accessibles. En réalité, la demande pour des appartements abordables à Zurich est extrêmement forte. Dès qu’un logement de ce type est mis en ligne, les annonces sont retirées en quelques heures, tant la concurrence est féroce. La pénurie de logements bon marché touche particulièrement les familles, les jeunes actifs et les personnes à revenus modérés. Ce constat met en lumière un déséquilibre flagrant entre l’offre et la demande.

Derrière cette crise se cache un phénomène de rénovation et de construction qui privilégie les logements haut de gamme au détriment des projets visant à répondre aux besoins des populations modestes. Les nouveaux immeubles et les appartements fraîchement rénovés sont systématiquement proposés à des prix très élevés, souvent au-delà des capacités de la majorité des travailleurs et des familles. La raison en est simple : le marché de l’immobilier de luxe, plus rentable, prend le pas sur les projets accessibles.

Un autre facteur clé réside dans le retrait progressif des entreprises, autrefois principales fournisseuses de logements pour leurs employés expatriés. Les entreprises, confrontées à des incertitudes économiques et à une augmentation du télétravail, n’offrent plus autant de logements aux expatriés, réduisant ainsi la demande dans ce segment particulier. Cette diminution de la demande institutionnelle pour les appartements haut de gamme a pourtant peu d’impact sur la surabondance de biens proposés, ce qui maintient les prix à des niveaux peu accessibles pour les ménages ordinaires.

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