Alfred Gantner, cofondateur de Partners Group, prépare une nouvelle offensive de lobbying aux États-Unis pour renforcer les relations économiques et politiques entre la Suisse et la première puissance mondiale. Cette initiative intervient dans un contexte où la Suisse, malgré sa position de sixième investisseur direct étranger aux États-Unis, manque d’une représentation politique et économique suffisamment visible à Washington.
L’initiative vise à créer des liens ciblés avec des responsables politiques, notamment des gouverneurs et des sénateurs, afin de mieux défendre les intérêts suisses. Cependant, cette démarche soulève des questions sur l’indépendance de la politique extérieure suisse et la place grandissante du secteur privé dans les affaires diplomatiques.
Une nouvelle stratégie de lobbying : renforcer la présence suisse aux États-Unis
L’objectif d’Alfred Gantner et de ses alliés est clair : accroître la visibilité et l’influence de la Suisse aux États-Unis. Selon Gantner, la Suisse a trop peu de relations politiques et économiques avec la première puissance mondiale, et il juge essentiel de remédier à cette situation. En effet, bien que la Suisse soit un acteur majeur sur le plan économique en raison de ses investissements, elle demeure relativement discrète sur la scène politique américaine. Gantner justifie cette initiative en rappelant que la Suisse est le sixième plus grand investisseur direct étranger aux États-Unis, un fait qui mérite davantage d’attention et de promotion.
Pour atteindre cet objectif, Gantner prévoit de mettre en place une campagne de lobbying structurée, visant à établir des relations avec les décideurs politiques dans les États américains où les entreprises suisses ont des implantations importantes. Le lobbying se concentrera sur la mise en place de contacts réguliers, avec des actions ciblées une fois par trimestre, afin de maintenir une présence continue et de renforcer les liens politiques et économiques. Un comité de pilotage supervisera cette stratégie, qui sera financée par le secteur privé, comme cela a été le cas lors des précédentes démarches.
Gantner et ses partenaires estiment que cette approche proactive est cruciale pour mieux faire connaître la contribution de la Suisse à la performance économique des États-Unis. Cela pourrait non seulement améliorer l’image de la Suisse, mais aussi susciter davantage de collaborations et d’investissements bilatéraux. De plus, cette offensive vise à construire une culture de l’information et de la confiance entre , les deux pays, essentielle pour assurer la pérennité de ces relations à long terme.
Le rôle du Seco et la pression sur le ministre Ignazio Cassis
Cette offensive de lobbying ne se fait cependant pas sans créer des tensions au sein du gouvernement suisse. Le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) est au courant de ces démarches, mais certains experts estiment que cette initiative accroît la pression sur le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, et soulève des questions sur l’autonomie du gouvernement suisse dans la gestion de ses relations internationales, selon Blick. En effet, après une rencontre à la Maison Blanche en novembre, où Gantner a joué un rôle important en réduisant les droits de douane de 39% à 15%, certaines préoccupations ont émergé quant à l’influence des hommes d’affaires sur les décisions diplomatiques de la Suisse.
Le ministre Ignazio Cassis, bien qu’il ait été impliqué dans la gestion de la crise des droits de douane, est resté relativement discret lors des récentes négociations. Cela a conduit à des critiques internes, certains estimant qu’il n’a pas su capitaliser sur les résultats de l’accord et qu’il a laissé les entrepreneurs privés mener les discussions. Cette situation a conduit à une réévaluation du rôle du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans les négociations futures, et certains suggèrent que le Département de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) pourrait désormais prendre le relais dans la gestion de ces relations stratégiques.
Le projet de lobbying privé de Gantner pourrait donc être perçu comme une forme de critique implicite envers la politique étrangère actuelle de la Suisse, particulièrement en ce qui concerne la gestion des relations avec les États-Unis. La question reste ouverte de savoir si le ministre Cassis et le DFAE conserveront un rôle central dans les négociations ou si de nouveaux acteurs, comme Helene Budliger Artieda, secrétaire d’État au Seco, prendront davantage de poids dans ces discussions cruciales.








