Un tribunal suisse a donné raison à Lindt & Sprüngli, contraignant Aldi à retirer ses chocolats Moser Roth des rayons. Ces produits étaient accusés d’imiter les célèbres boules Lindor, protégées par la loi sur la concurrence déloyale.
Bien que Lindt ait remporté cette manche, l’entreprise doit encore déposer une plainte officielle pour consolider cette interdiction. Ce litige souligne l’importance croissante de la protection des marques dans un secteur compétitif.
Un conflit entre tradition et stratégie commerciale
Depuis plus de 50 ans, Lindt & Sprüngli commercialisent les boules Lindor, qui se démarquent par leur recette unique et leurs emballages rouge et bleu torsadés. Ces pralines, lancées en 1969, rapportaient chaque année près de 44,8 millions de francs suisses dans le seul marché helvétique, en faisant l’un des produits phares du chocolatier. En septembre 2024, Aldi Suisse a lancé des boules de chocolat Moser Roth, emballées dans un design proche de celui de Lindor et commercialisées comme une « édition de Noël ».
Pour Lindt, cette ressemblance ne relève pas de la coïncidence. L’entreprise a accusé Aldi de vouloir tirer parti de la notoriété mondiale de ses pralines pour booster ses ventes. L’affaire a été portée devant le tribunal de commerce d’Argovie, où Lindt a demandé une interdiction immédiate de commercialisation. Aldi a contesté, affirmant que les similitudes étaient dictées par des contraintes techniques et pratiques, comme la forme des boules ou le type d’emballage.
Malgré cette défense, le tribunal a estimé que les chocolats Moser Roth reprenaient inutilement les codes visuels des boules Lindor, provoquant un risque de confusion chez les consommateurs. En conséquence, Aldi a été sommé de retirer ces produits de la vente à partir du 14 décembre 2024. Lindt, pour sa part, a dû déposer une garantie financière de 200 000 francs pour couvrir un éventuel préjudice d’Aldi en cas d’inversion de cette décision.
Les enjeux stratégiques de la protection des marques
Le conflit entre Lindt et Aldi dépasse largement le cadre d’un simple litige commercial. Il met en lumière la pression croissante sur les marques emblématiques face aux distributeurs qui cherchent à proposer des alternatives compétitives. Selon Lindt, Aldi a sciemment reproduit les éléments clés des boules Lindor, comme leur design et leur brillance, dans le but d’exploiter leur image de qualité.
Aldi, en revanche, a fait valoir que les emballages utilisés étaient courants dans le secteur et que l’ajout de son logo Moser Roth garantissait une distinction suffisante. Cependant, le tribunal a jugé que les consommateurs pouvaient facilement associer les boules Moser Roth aux Lindor, surtout après ouverture des emballages. Ce jugement pourrait inciter d’autres marques à renforcer leurs stratégies pour protéger leur identité visuelle et leur réputation.
Pour conserver l’interdiction, Lindt devra engager une procédure formelle avant mars 2025. Si ce n’était pas le cas, Aldi pourrait reprendre la commercialisation de ses chocolats, bien que sous une surveillance accrue.