Le thon en conserve vendu en Suisse contaminé à une substance toxique aux effets graves sur la santé

Les conserves de thon, un produit alimentaire largement consommé en Europe et en Suisse, sont aujourd’hui au cœur d’une polémique sanitaire. Selon des enquêtes réalisées par les ONG Bloom et Foodwatch, ainsi que des analyses complémentaires en Suisse, ces produits contiennent du mercure, une substance toxique aux effets graves sur la santé humaine.

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Salade Au Thon
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En Europe, le thon en conserve est au centre d’une controverse sanitaire. Selon une enquête menée par l’ONG Bloom, 100 % des 148 boîtes testées dans cinq pays, dont la France et l’Italie, contenaient du mercure, avec des teneurs souvent supérieures aux seuils fixés pour d’autres espèces de poissons.

Les conserves de thon, vendues en Suisse, contiennent toutes du mercure. Bien que les niveaux détectés respectent les normes légales en vigueur, les résultats suscitent des inquiétudes quant à l’impact de cette contamination sur les populations vulnérables.

Une contamination omniprésente dans le thon en conserve

Selon une enquête menée en octobre par les ONG Bloom et Foodwatche, dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie), 148 boîtes de thon aléatoirement sélectionnées étaient toutes contaminées au mercure. Plus alarmant, plus de la moitié d’entre elles dépassaient 0,3 mg/kg, une limite imposée pour d’autres poissons comme le cabillaud ou la sardine. Les ONG critiquent une réglementation européenne qui fixe une tolérance maximale à 1 mg/kg pour le thon, soit trois fois plus élevée que pour les poissons moins contaminés. Ce plafond, établi sur des critères économiques plutôt que sanitaires, permet de commercialiser une majorité des thons malgré les risques liés au mercure.

En Suisse, à la suite de l’enquête des ONG, les émissions On en parle et A Bon Entendeur ont analysé 55 échantillons de thon en conserve provenant de grandes enseignes suisses telles que Migros, Coop, Lidl, Aldi, Denner et Manor. Les résultats ont révélé que toutes les boîtes contenaient du mercure, avec des concentrations variant de 0,02 mg/kg à 0,5 mg/kg. Ces niveaux restent inférieurs à la limite légale suisse de 1 mg/kg pour le thon, considérée comme « plutôt rassurante » par la chimiste cantonale Linda Bapst.

Cependant, ces chiffres contrastent avec les observations faites dans d’autres pays européens, où certaines boîtes dépassaient largement cette limite. Par exemple, en France, une boîte de la marque Petit Navire a affiché une teneur alarmante de 3,9 mg/kg. Ces variations rappellent que la fixation des seuils de tolérance repose souvent sur des compromis techniques et économiques, comme l’a souligné l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).

Des risques pour la santé bien réels

Le mercure présent dans les océans, issu à la fois de sources naturelles et des activités humaines comme la combustion de charbon, se transforme en méthylmercure, une forme encore plus toxique. Le thon, étant un prédateur marin, accumule cette substance dans sa chair, ce qui explique sa concentration plus élevée par rapport à d’autres poissons comme la truite ou la sardine.

Selon Myriam El Biali, spécialiste en pharmacologie et toxicologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), les risques pour la santé incluent des troubles neurologiques graves, tels que les vertiges, tremblements, fatigue, et dans les cas sévères, des atteintes cognitives. Les enfants en bas âge et les femmes enceintes sont particulièrement à risque.  Elle précise aussi que même à des doses inférieures, le méthylmercure peut provoquer des retards dans le développement cérébral chez le fœtus ou les jeunes enfants.

Des recommandations sanitaires strictes

Face à ce constat, les autorités suisses conseillent une consommation modérée de thon en conserve. Selon Linda Bapst, chimiste cantonale valaisanne, il est recommandé de ne pas dépasser une boîte toutes les deux semaines pour un adulte. Pour les enfants et les femmes enceintes, la consommation devrait être évitée, compte tenu des risques accrus de neurotoxicité. Ces recommandations sanitaires s’inscrivent dans un contexte de critiques croissantes des ONG Bloom et Foodwatch, qui dénoncent des normes trop élevées pour le thon.

En outre, les résultats des enquêtes relancent un débat crucial sur la réglementation des contaminants alimentaires. Si des limites strictes sont déjà imposées pour certains poissons, le thon bénéficie encore d’une tolérance jugée trop élevée par les experts. Les ONG appellent à une révision urgente des normes européennes et suisses, avec une réduction significative des seuils autorisés et une transparence accrue de la part des industriels. Face à ce qui est qualifié de « véritable scandale de santé publique », les consommateurs, eux, doivent redoubler de vigilance en attendant des mesures concrètes.

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