Le parti Libertés et Justice Sociale (LJS) a récemment proposé une idée qui pourrait peser lourdement sur les finances publiques de la Ville de Genève. Ce dernier viserait à dédommager les habitants victimes de nuisances sonores.
Cette proposition, qui concerne un éventail de nuisances allant du bruit routier aux chantiers en passant par les bars bruyants et des zones de consommation problématiques, soulève des questions sur sa faisabilité. En l’absence de critères précis et de chiffres clairs, cette promesse de campagne risque d’entraîner une pression financière considérable sur les autorités locales.
Un programme électoral axé sur la compensation des nuisances
Lors de la présentation de son programme électoral, le parti Libertés et Justice sociale, sous la direction de Simon Brandt, a mis en avant la question du bruit et de ses effets sur la qualité de vie des habitants de la Ville de Genève. « Si les nuisances ne peuvent pas être stoppées, nous proposons un crédit d’impôt, une aide au loyer, ou même pourquoi pas un versement direct », a déclaré le candidat Evan Schleret lors de la conférence de presse du 4 mars selon Blick. Le parti met en avant un large éventail de nuisances, incluant les bruits de la route, les chantiers bruyants, les nuisances des bars et l’environnement dégradé du Quai 9, qui est un lieu de consommation de drogue.
Les propositions du LJS vont au-delà des simples promesses électorales : elles visent à répondre à un réel problème de qualité de vie pour les Genevois. Mais, l’ampleur de cette idée soulève un défi majeur : où poser les limites de ce dédommagement ? Le parti n’a pas précisé des critères clairs pour savoir qui pourra en bénéficier ni la méthode exacte de compensation. Devra-t-on se contenter d’une simple plainte, ou devra-t-on déposer des demandes formelles pour recevoir une indemnité ?
L’absence de critères précis pourrait ouvrir la voie à une gestion complexe et potentiellement coûteuse pour la Ville de Genève, déjà confrontée à des finances publiques tendues. Si le LJS entend que cette mesure serve de levier pour inciter les autorités à mieux gérer les nuisances, il reste à voir si le coût financier et logistique sera soutenable.
Des chiffres et des répercussions : un fardeau pour les finances publiques
La question du dédommagement soulève des interrogations sur les coûts que cela pourrait engendrer pour les finances publiques. Pour évaluer l’ampleur du problème, le Service cantonal du bruit (SABRA) a effectué 118 interventions pour mesurer le bruit dans des foyers genevois. Ces mesures concernaient principalement des installations fixes comme les pompes à chaleur ou la musique diffusée par des établissements publics. Néanmoins, le département n’a pas précisé combien de ces mesures ont révélé des dépassements des normes légales de bruit, qui sont fixées à 60 décibels pour le bruit routier.
Les plaintes pour bruit routier ont également été nombreuses. Entre janvier 2023 et décembre 2024, la police a été contactée 193 fois pour des problèmes liés au bruit des véhicules. Ce chiffre pourrait sembler modeste à l’échelle de la population genevoise, mais il illustre déjà une certaine ampleur du problème. Pourtant, la situation devient bien plus complexe en ce qui concerne les nuisances sociales et publiques. Par exemple, les plaintes concernant le tapage public sur la voie publique, notamment autour du Quai 9, ont atteint un total impressionnant de 4949 sollicitations.
L’idée de dédommager l’ensemble des victimes de nuisances sonores pourrait donc concerner un nombre important de Genevois, notamment ceux vivant dans des zones particulièrement touchées par le bruit, les chantiers et les comportements inciviques. Mais, à quel prix ? Les autorités devront déterminer comment allouer les ressources nécessaires pour cette mesure, qui pourrait rapidement dépasser les budgets prévus pour d’autres services publics essentiels.