L’industrie pharmaceutique suisse menacé par Donald Trump

Le second mandat de Donald Trump inquiète l’industrie pharmaceutique suisse. L’introduction de droits de douane punitifs et la réduction des prix des médicaments pourraient fragiliser ce secteur clé, largement dépendant du marché américain.

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L'industrie pharmaceutique suisse et Donald Trump
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Depuis des décennies, les États-Unis sont un partenaire commercial indispensable pour l’industrie pharmaceutique suisse. En 2022, plus d’un quart des exportations pharmaceutiques helvétiques, estimées à 109 milliards de francs, étaient destinées à ce pays. Le système de santé américain, presque entièrement libéralisé, offre une liberté de fixation des prix que les entreprises comme Roche et Novartis ne trouvent nulle part ailleurs.

Cette relation pourrait être compromise par l’arrivée de Donald Trump pour un second mandat. Le président républicain a affiché son intention d’introduire des droits de douane punitifs, visant à réduire l’excédent commercial suisse, et de baisser significativement les prix des médicaments.

Une menace qui suscite l’inquiétude

En plus des réformes tarifaires envisagées, le choix de Robert F. Kennedy comme ministre de la Santé alimente les inquiétudes. Connu pour ses positions antivaccins et ses théories controversées, il représente une source de préoccupation supplémentaire pour un secteur déjà sous pression.

Dans ce contexte incertain, les entreprises suisses, qui réalisent des investissements annuels de 14 milliards de francs dans la recherche et le développement aux États-Unis, s’efforcent de préserver un équilibre vital pour leurs activités. L’industrie pharmaceutique helvétique, dépendante des marges élevées qu’elle obtient sur le marché américain, doit désormais faire face à des discours et des décisions politiques susceptibles d’entraîner des changements significatifs.

Le lobbying et la diplomatie en première ligne

Face aux menaces pesant sur leurs activités aux États-Unis, les géants pharmaceutiques suisses ont intensifié leur lobbying à Washington. Roche, l’un des leaders du secteur, consacre en moyenne 8,4 millions de dollars par an à ces efforts depuis une décennie, tandis que Novartis y alloue environ 6,5 millions depuis 2015. Ces investissements visent à préserver un marché stratégique où les marges sont bien plus importantes qu’ailleurs dans le monde.

Mais les entreprises ne sont pas les seules à agir. La Confédération suisse mobilise également ses ressources diplomatiques pour maintenir une relation stable avec les États-Unis. L’ambassade suisse à Washington s’appuie sur un large réseau de contacts, renforcé ces derniers mois en vue du retour de Donald Trump. Une brochure, en cours de mise à jour, sera bientôt publiée pour démontrer l’impact économique de la Suisse dans chaque État américain.

Cette approche coordonnée entre entreprises et institutions vise à limiter les effets potentiellement négatifs des mesures protectionnistes. Pourtant, comme le souligne René Buholzer, directeur d’Interpharma, l’industrie pharmaceutique ne peut se reposer uniquement sur l’espoir que malgré les discours politiques, un changement radical du système n’a jamais convaincu au Congrès.

Entre prudence et optimisme modéré

Alors que le second mandat de Donald Trump débute, des experts estiment que les relations commerciales entre la Suisse et les États-Unis ne subiront pas de bouleversements majeurs. Rahul Sahgal, directeur de la chambre de commerce américano-suisse, se veut rassurant : « Il y aura peut-être quelques mesures peu réjouissantes pour la Suisse, par exemple concernant le prix des médicaments, mais je ne m’attends pas à un grand bouleversement »

Toutefois, le spectre des droits de douane punitifs et des réformes tarifaires reste bien présent. Ces changements pourraient directement impacter les exportations pharmaceutiques suisses, dont la valeur atteint 28 milliards de francs pour les seuls États-Unis. Les entreprises suisses restent sur leurs gardes, conscientes que leurs marges et leur modèle économique pourraient être mis à mal par des décisions politiques imprévisibles.

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