L’endettement en Suisse représente un défi majeur pour de nombreuses familles, affectant non seulement les finances individuelles, mais aussi l’économie et la stabilité sociale du pays. En 2024, près de 6300 personnes ont demandé de l’aide pour faire face à des dettes considérables, avec un endettement moyen qui dépasse les 60’000 francs.
Les créanciers, parmi lesquels les impôts occupent une place prépondérante, jouent un rôle central dans cette dynamique complexe. Cette situation soulève la question de l’efficacité des mesures
Une situation alarmante : les chiffres de l’endettement en Suisse
Les chiffres de l’association faîtière DettesConseilsSuisse (DCS) en 2024 révèlent une situation inquiétante. Près de 6242 nouvelles demandes d’aide ont été enregistrées pour des personnes en situation d’endettement. La majorité de ces demandeurs, environ 47%, sont des personnes seules, et 43% vivent en ménage avec des enfants. Ces chiffres mettent en lumière le poids de l’endettement dans la population active, notamment dans la tranche d’âge des 30 à 50 ans, souvent la plus exposée à des bouleversements financiers majeurs.
L’endettement moyen des personnes en difficulté atteint 60’147 francs, mais il peut dépasser les 95’000 francs pour ceux qui accumulent des dettes sur une période de plus de dix ans. Ce phénomène touche principalement les impôts, qui représentent 81% des dettes, suivis des primes de caisses maladie (61%) et des crédits à la consommation (24%). L’impôt apparaît ainsi comme le premier créancier, alimentant une spirale de dettes difficile à maîtriser.
Les raisons derrière cet endettement sont variées, mais elles se distinguent par des éléments souvent hors du contrôle des individus. Les problèmes de santé, les accidents, les séparations, les difficultés administratives et le chômage sont les causes les plus fréquentes mentionnées par les personnes endettées. Environ 34% des cas sont liés à des problèmes de santé, tandis que 31% des personnes endettées évoquent des séparations ou des divorces comme facteurs déclencheurs. Ces éléments perturbateurs, couplés à des revenus médians inférieurs à 4500 francs par mois, rendent la gestion des finances personnelles de plus en plus complexe.
Les coûts sociaux et l’appel à la réforme de la loi
Les conséquences sociales de l’endettement sont profondes. Non seulement les individus en situation de surendettement subissent des tensions financières, mais cette réalité engendre également un fardeau important pour l’État et les cantons. Les coûts sociaux liés à l’endettement sont considérables. Selon les données disponibles, 60,5% des bénéficiaires d’aides sociales en Suisse sont également en situation d’endettement. Cette corrélation entre pauvreté et dettes renforce les inégalités sociales et les difficultés économiques de certains groupes vulnérables.
Les cantons, pour leur part, supportent chaque année un manque à gagner qui se chiffre entre 54 et 200 millions de francs en raison des impôts impayés et des dépenses sociales. Cette perte de recettes fiscales accentue la pression sur les finances publiques, notamment dans un contexte de dépenses sociales croissantes. Par ailleurs, cette situation a des répercussions sur les enfants, puisque 6632 enfants vivent dans des foyers surendettés, augmentant ainsi les risques de précarité pour les générations futures.
Face à cette situation alarmante, DettesConseilsSuisse appelle à une réforme de la législation actuelle sur la poursuite pour dettes et la faillite. Le Conseil fédéral a d’ailleurs proposé une révision de cette loi, incluant la possibilité d’effacer une partie des dettes résiduelles après un certain délai. Une telle mesure existe déjà en Autriche, où les personnes en surendettement peuvent repartir à zéro après trois ans de minimum vital. Pascal Pfister, secrétaire général de DCS, plaide pour une réforme qui permettrait à ces individus de se reconstruire financièrement, ce qu’il considère comme un investissement pour la stabilité sociale et la croissance économique.
La révision de cette loi pourrait alléger le poids des dettes pour de nombreuses personnes, tout en réduisant les coûts sociaux pour les cantons et en offrant une nouvelle chance à ceux qui se trouvent dans une spirale d’endettement. Une telle réforme viserait à instaurer un système plus humain et rationnel, en mettant l’accent sur la réhabilitation plutôt que sur la sanction.








