Novartis et Roche dépendent fortement du marché américain, où ils génèrent une part significative de leur chiffre d’affaires. Roche, par exemple, réalise 52 % de ses revenus aux États-Unis, soulignant l’importance du pays pour l’industrie pharmaceutique suisse.
Les réformes introduites sous Joe Biden ont limité la période pendant laquelle les prix des médicaments sous forme de pilules ou de gélules sont protégés de la négociation par l’État. Ce délai a été réduit à neuf ans, une mesure que Novartis, par la voix de son PDG Vasant Narasimhan, souhaite voir étendue à 13 ans. Il estime que la réglementation actuelle freine l’innovation et pénalise l’industrie pharmaceutique.
Un autre élément d’incertitude concerne la nomination de Robert F. Kennedy Jr. au ministère de la Santé. Opposé à la vaccination, il envisage une refonte complète de son administration. Pour l’instant, les dirigeants des grands groupes préfèrent attendre d’en savoir plus sur la direction politique qui sera prise avant d’évaluer les conséquences sur leurs activités.
Un retour aux politiques favorables à l’industrie pharmaceutique
Dès son retour, Donald Trump a abrogé le décret 14087, une mesure de Joe Biden visant à réduire le prix des médicaments sur ordonnance pour les bénéficiaires des programmes Medicare et Medicaid. Cette suppression marque une inflexion en faveur des laboratoires pharmaceutiques, qui voient s’éloigner la menace d’une régulation stricte des prix.
Selon Vasant Narasimhan, la fixation des prix des médicaments aux États-Unis reste une « boîte noire », un processus opaque dont il attend une réforme sous la nouvelle administration. Bien qu’il n’ait pas encore rencontré de représentants du gouvernement américain, il affirme qu’un consensus bipartisan semble émerger sur la nécessité de réviser les mesures adoptées sous Biden.
Thomas Schinecker, PDG de Roche, se veut également rassurant. Il rappelle que Trump est un président soucieux de la croissance économique et que son administration a, par le passé, entretenu des relations étroites avec l’industrie pharmaceutique. Aucune mesure hostile à Big Pharma ne semble se profiler à l’horizon.
Une implantation américaine solide face aux incertitudes
Novartis et Roche bénéficient d’une présence historique aux États-Unis, ce qui leur confère un avantage stratégique. Roche, via sa filiale Genentech, emploie 25 000 personnes, dont 4 000 dans la production. L’entreprise a massivement investi ces dernières années pour étendre ses infrastructures américaines. Novartis, quant à lui, compte environ 28 000 employés répartis sur plusieurs sites aux États-Unis, où il figure parmi les dix plus grandes entreprises pharmaceutiques. Son PDG, Vasant Narasimhan, affirme que son groupe veut renforcer sa présence sur le marché américain, un territoire jugé prioritaire.
Toutefois, des risques protectionnistes ne sont pas à exclure. Donald Trump a déjà exprimé sa volonté d’encourager la relocalisation industrielle et pourrait imposer des droits de douane susceptibles de pénaliser les entreprises étrangères. René Buholzer, directeur de l’association Interpharma, avertit que ce type de mesures pourrait nuire à l’industrie pharmaceutique suisse et freiner ses exportations.
Si Novartis et Roche affichent une certaine sérénité face à l’administration Trump, ils restent vigilants quant aux évolutions à venir. Le maintien d’un dialogue privilégié avec Washington et leur forte implantation locale constituent des atouts majeurs pour s’adapter aux nouvelles dynamiques du marché américain.