L’immigration en Europe recule, la Suisse s’inquiète pour sa main-d’œuvre

La Suisse fait face à une baisse de l’immigration européenne, mettant en péril son marché du travail. Le Seco plaide pour des frontières ouvertes.

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Immigration en Suisse
L’immigration européenne recule, la Suisse s’inquiète pour sa main-d’œuvre - © Shutterstock

Malgré une forte demande dans plusieurs secteurs, la Suisse enregistre une baisse de l’immigration en provenance de l’Union européenne. Le Secrétariat d’État à l’économie tire la sonnette d’alarme et appelle à maintenir des frontières ouvertes pour soutenir un marché du travail sous tension.

La baisse de l’immigration européenne intervient à un moment où le vieillissement de la population et le manque de main-d’œuvre qualifiée fragilisent de nombreux pans de l’économie suisse. Le Seco insiste sur la complémentarité des travailleurs étrangers et le besoin urgent de préserver les équilibres actuels.

Dans un rapport publié le 1er juillet, le Secrétariat d’État à l’économie alerte sur les effets du ralentissement démographique sur le marché du travail suisse. Il rappelle que les citoyens européens viennent en Suisse avant tout pour travailler, et qu’ils sont aujourd’hui indispensables à la bonne marche de l’économie.

Une immigration en baisse malgré les besoins du marché

En 2024, l’immigration nette en provenance de l’Union européenne et de l’AELE a atteint 53 700 personnes, soit une diminution de 10 000 par rapport à l’année précédente. Cette baisse survient alors que la demande de main-d’œuvre reste élevée dans plusieurs secteurs clés tels que l’hôtellerie-restauration, la construction et l’industrie. Selon le Seco, les entreprises peinent à recruter localement dans ces domaines, où la main-d’œuvre indigène ne suffit plus.

Le rapport rappelle que 87 % des ressortissants européens actifs en Suisse sont employés, un taux supérieur à celui de la population suisse. Cette présence contribue à répondre à la croissance de la demande de personnel qualifié, tout en soutenant l’activité économique. Comme le souligne RTS, cette immigration reste une réponse à un besoin économique réel, non un phénomène conjoncturel.

Une main-d’œuvre complémentaire, pas concurrente

Contrairement à certaines idées reçues, les ressortissants de l’UE ne remplacent pas les travailleurs suisses mais viennent renforcer la population active. Le Seco observe qu’avec cette forte immigration, le chômage est resté à un niveau durablement bas et que le taux d’activité global a même augmenté.

Les salaires perçus par les ressortissants européens sont en moyenne comparables à ceux des Suisses, à caractéristiques similaires. Certaines disparités subsistent néanmoins, notamment dans les régions frontalières comme le Tessin ou l’Arc jurassien, où le risque de sous-enchère salariale reste présent. Pour cette raison, les mesures d’accompagnement destinées à protéger les salaires suisses restent en vigueur et doivent encore être renforcées selon le Seco.

Un enjeu social et économique de long terme

L’immigration joue également un rôle dans le maintien de l’équilibre démographique, en freinant le vieillissement de la population. Le rapport du Seco souligne toutefois que cette dynamique ne pourra pas compenser entièrement le ralentissement attendu de la croissance de la population active.

En matière d’assurances sociales, les effets sont différenciés. Les ressortissants de l’UE contribuent davantage à l’AVS qu’ils n’en retirent de prestations. À l’inverse, dans le domaine de l’assurance-chômage, ils sont plus exposés en raison de leur forte représentation dans les emplois saisonniers, plus instables.

Le Seco plaide dans ce contexte pour une adaptation de l’accord sur la libre circulation dans le cadre des discussions en cours avec l’Union européenne, en concertation avec les partenaires sociaux.

L’Union syndicale suisse, présente lors de la conférence de presse, a exprimé ses inquiétudes face à la perspective d’une clause de sauvegarde, dont l’application reste floue. Elle appelle plutôt à des réformes internes de politique sociale, notamment sur la protection des salaires et la formation professionnelle.

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