L’industrie horlogère suisse a été surprise par la décision de l’administration Trump d’imposer des droits de douane de 31 % sur les montres suisses exportées vers les États-Unis. Cette mesure intervient à un moment délicat, alors que l’horlogerie suisse participe au salon Watches & Wonders à Genève, un événement majeur pour la présentation de ses nouvelles collections.
Les grandes marques, telles que Rolex, Patek Philippe, Cartier, Bulgari, ou Tag Heuer, voient d’un mauvais œil cette nouvelle taxe, qui pourrait menacer la rentabilité de leurs exportations. Cette décision frappe en plein cœur d’un secteur dont les exportations vers les États-Unis représentent 16,8 % de son chiffre d’affaires, soit 4,37 milliards de francs suisses en 2024, rapporte Blick.
Les États-Unis représentent en effet un marché clé pour l’industrie horlogère suisse, absorbant une large part de ses exportations en 2024. Cette hausse des droits de douane va directement impacter ce secteur vital pour l’économie suisse, surtout au moment où le marché américain connaît une croissance stable, avec une augmentation de 5 % des exportations en 2024. La Suisse, déjà en excédent commercial avec les États-Unis, se trouve donc dans une position délicate, qui pourrait affecter directement les bénéfices des horlogers suisses.
Un impact sur les prix et la compétitivité des marques
Les conséquences immédiates de cette mesure sont préoccupantes, notamment en ce qui concerne les prix des montres. Pour compenser cette augmentation des coûts, les analystes estiment que les fabricants devront augmenter leurs prix de 11 % à 13 %. Cependant, cette répercussion des tarifs pourrait s’avérer difficile à appliquer dans sa totalité, en particulier pour les petites marques qui disposent de marges plus réduites.
Les grandes marques, telles que celles de luxe, pourraient probablement ajuster leurs prix sans trop nuire à leur clientèle cible, souvent constituée de consommateurs fortunés prêts à payer pour la qualité et le prestige associés aux produits « Swiss Made », indique le média helvétique.
Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, souligne que l’impact de ces droits de douane pourrait être particulièrement ressenti sur la rentabilité des entreprises. Si les grandes marques de luxe, plus en mesure d’absorber les coûts, devraient s’en sortir sans trop de dommages, les petites marques risquent, elles, de souffrir davantage. Les experts estiment que même si les consommateurs les plus riches peuvent se tourner vers des achats à l’étranger pour échapper aux hausses de prix, cela ne suffira probablement pas à compenser l’impact financier pour l’ensemble de l’industrie.
L’horlogerie suisse dans une position délicate
L’horlogerie est un secteur fondamental pour la Suisse, avec environ 65 000 personnes employées dans cette branche. Contrairement à d’autres industries, comme la pharmaceutique, qui bénéficient de certaines exonérations de droits de douane, l’horlogerie n’a pas d’option pour délocaliser sa production, car la fabrication de montres se fait exclusivement en Suisse.
Ce modèle de production locale, caractérisé par le label « Swiss Made », est l’un des principaux arguments de vente de l’industrie horlogère. C’est ce qui rend le secteur particulièrement vulnérable face aux droits de douane imposés par les États-Unis, souligne la source.
Actuellement, la Suisse n’a pas réagi par des mesures réciproques pour éviter d’aggraver les tensions avec Washington. Yves Bugmann, le président de la fédération horlogère, a jugé ces droits de douane « nuisibles et injustifiés », appelant le gouvernement suisse à défendre rapidement les intérêts économiques du pays auprès de l’administration américaine. De leur côté, la présidente de la Confédération et le ministre de l’Économie ont annoncé qu’ils comptent se rendre prochainement aux États-Unis pour discuter de cette situation et tenter de négocier une réduction des droits de douane.