Le secteur horloger suisse traverse une période de turbulences, exacerbées par l’effondrement de la demande en Chine. Les carnets de commandes pour l’année prochaine se vident rapidement, mettant en péril des milliers d’emplois. Cette situation a conduit de nombreuses entreprises à mettre en place des mesures de chômage partiel, avec des perspectives de licenciements à moyen terme.
Joris Engisch, directeur et propriétaire de la manufacture de cadrans Jean Singer & Cie SA, a exprimé une préoccupation croissante. Selon lui, à partir de janvier, la majorité des collaborateurs pourraient être placés en chômage partiel à hauteur de 30%. « Quand tout va mal, tout le monde fait un effort », a-t-il résumé la situation actuelle dans une déclaration à la RTS.
L’horlogerie suisse face à une crise aiguë : chômage partiel et incertitude
En effet, de plus en plus d’entreprises du secteur horloger envisagent de réduire les horaires de travail. Actuellement, environ 1 730 personnes sont touchées par ces réductions, un chiffre qui a décuplé depuis janvier, d’après les statistiques fournies par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Cette tendance est surtout marquée dans la région de l’Arc jurassien, traditionnellement un bastion de l’industrie horlogère.
La situation génère une grande inquiétude dans cette région clé. Alain Marietta, délégué de l’Association Patronale des Industries de l’Arc Horloger, a évoqué une « fébrilité inédite » lors du Technical Watchmaker Show à La Chaux-de-Fonds. Il a souligné l’impact sévère de la crise en Chine, un marché crucial pour l’horlogerie suisse, qui est maintenant confronté à un effondrement systémique. Marietta ne prévoit pas de solution rapide, estimant que la situation pourrait persister encore six à huit mois avant d’éventuelles améliorations.
À Neuchâtel, la crise se fait également sentir avec une augmentation notable du nombre de demandeurs d’emploi issus du secteur horloger. Florence Nater, présidente du Conseil d’État neuchâtelois, confirme cette tendance et souligne que les personnes au chômage ne retrouveront pas nécessairement des postes dans leur domaine d’origine. Pour aider ces travailleurs, des mesures sont mises en place pour les réorienter vers des secteurs où la demande est plus forte.
L’avenir semble donc incertain pour l’horlogerie suisse, qui emploie environ 54 000 personnes dans le pays, selon le SECO. Les mois et années à venir s’annoncent difficiles pour ce secteur emblématique de l’économie suisse, alors que la crise actuelle révèle des fragilités profondes.