Les hôpitaux universitaires suisses face à une crise financière sans précédent

Les cinq hôpitaux universitaires suisses et leurs facultés de médecine alertent sur une situation financière alarmante, avec un déficit cumulé de 210 millions de francs pour l’année 2023.

Photo de Sarah Talbi, une jeune femme aux cheveux longs et châtains, portant des lunettes et un haut noir à manches courtes avec des détails en dentelle. Elle sourit légèrement et se tient devant un fond uni de couleur corail vif.
Par Sarah Talbi Publié le 15 novembre 2024 à 13h04
Hôpitaux Universitaires Suisses
Les hôpitaux universitaires suisses face à une crise financière sans précédent - © Econostrum.info

Les hôpitaux universitaires suisses, essentiels pour la formation, la recherche et les soins de pointe, font face à une situation financière critique. En 2023, leur déficit cumulé a atteint 210 millions de francs, malgré une augmentation du nombre de patients.

Des infrastructures modernes et des conditions de travail optimales sont essentielles pour garantir des soins de qualité, mais les tarifs actuels ne couvrent pas ces besoins. La révision urgente des conventions tarifaires est cruciale pour préserver le rôle de ces établissements, affirment les responsables réunis à Berne.

Un déficit alarmant malgré des besoins croissants

Les hôpitaux universitaires suisses, à savoir ceux de Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich, ont enregistré des résultats négatifs en 2023, cumulé à 210 millions de francs. Cette situation découle de plusieurs facteurs, notamment des hausses de coûts liées au renchérissement et aux salaires, ainsi qu'un système tarifaire jugé inadéquat.

Werner Kübler, président d'unimedsuisse et directeur de l'Hôpital universitaire de Bâle, a rappelé que cette pression financière menace directement la qualité des soins. Malgré une résiliation en 2023 des conventions tarifaires stationnaires avec les assureurs pour négocier de meilleurs tarifs, les responsables estiment que la situation reste critique, notamment pour les prestations ambulatoires, dont les tarifs n'ont pas été ajustés depuis deux décennies.

Des besoins spécifiques et non reconnus

Les hôpitaux universitaires ont des responsabilités uniques qui les distinguent des cliniques standards, notamment la gestion de cas complexes comme les grands brûlés, ou encore la recherche médicale de pointe. Pourtant, la révision de l'ordonnance sur l'assurance-maladie ne tient pas compte de ces spécificités. Monika Jänicke, CEO de l'Hôpital universitaire de Zurich, a critiqué ce traitement égalitaire, qui ignore les besoins particuliers de ces institutions.

Antoine Geissbühler, doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Genève, a également souligné que le financement actuel ne permet pas de garantir leur transformation numérique ni leurs investissements en infrastructures. « Sans soutien, nous ne réussirons pas la transformation », a-t-il averti.

Une crise qui touche aussi le personnel soignant

Au-delà des défis financiers, les hôpitaux universitaires doivent relever des enjeux humains. La deuxième phase de l'initiative sur les soins vise à améliorer les conditions de travail du personnel infirmier. Paula Adomeit, directrice des soins infirmiers de l'Hôpital de l'Île à Berne, a rappelé l'importance de maintenir les professionnels dans la profession et d'éviter les interruptions de formation.

Toutefois, ces objectifs nécessitent un financement que les hôpitaux peinent à mobiliser. Cette situation menace directement la capacité des établissements à répondre aux attentes croissantes de la population, notamment en matière de soins ambulatoires.

La recherche médicale, un pilier en danger

Les responsables ont unanimement insisté sur l'importance de la recherche menée dans ces institutions, qui constitue un moteur essentiel du progrès médical. « Sans la recherche effectuée dans nos institutions, il n'y aurait pas de progrès médical », a affirmé Antoine Geissbühler.

Pour Werner Kübler, un financement adapté des prestations spécifiques et des conditions-cadres adéquates sont impératifs pour permettre aux hôpitaux universitaires de poursuivre leur mission centrale, à savoir la formation, la recherche et les soins d'excellence.

Face à ces défis, unimedsuisse appelle à une réforme structurelle des tarifs et un financement adapté aux missions spécifiques des hôpitaux universitaires. À défaut, ces institutions, pilier du système de santé et de l'innovation en Suisse, risquent de voir leur rôle s'éroder, au détriment de la population et du progrès médical.

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