En 2023, le déficit des hôpitaux suisses s’est creusé de manière alarmante, atteignant 784 millions de francs. Cette situation s’inscrit dans un contexte marqué par une hausse des hospitalisations et une baisse des consultations ambulatoires, accentuant les pressions sur le système de santé.
Les hôpitaux suisses confrontés à un déficit alarmant
Le système hospitalier suisse est sous pression. En 2023, les hôpitaux suisses ont enregistré un déficit record de 784 millions de francs, contre 288 millions en 2022, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS). Cette aggravation met en lumière les défis financiers et organisationnels auxquels le secteur de la santé est confronté.
Face à une augmentation continue des hospitalisations, mais avec une diminution des consultations ambulatoires, les hôpitaux peinent à équilibrer leurs charges, qui ont atteint 36,1 milliards de francs en 2023. Ce contexte souligne l'urgence de repenser le modèle économique de la santé en Suisse.
Une augmentation des hospitalisations et des pathologies diversifiées
Selon l'OFS, en 2023, le nombre d'hospitalisations a augmenté de 0,9 %, atteignant un total de 1,5 million de séjours stationnaires. Les maladies ostéoarticulaires, comme l'arthrose, restent la principale cause d'hospitalisation, suivies par les blessures, les maladies circulatoires, les tumeurs et les troubles mentaux. Ces derniers sont particulièrement préoccupants chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans, où ils représentent la première cause d’hospitalisation.
Le contexte post-pandémie a aussi vu une augmentation notable des hospitalisations liées aux maladies respiratoires, avec une hausse de 13 % par rapport à 2022. Ce phénomène reflète peut-être des séquelles prolongées liées à la COVID-19 ou une vulnérabilité accrue à d'autres pathologies respiratoires.
Une dépendance accrue aux médecins étrangers
Les hôpitaux suisses reposent largement sur des médecins formés à l'étranger, qui représentent près de 50 % des effectifs médicaux. Les diplômés d'Allemagne, en particulier, constituent une part significative (19,3 %), suivis par ceux de France (3,1 %) et d'Italie (5,1 %). Dans le canton du Tessin, cette dépendance est encore plus marquée, car seuls 31,2 % des médecins y sont formés en Suisse, contre deux tiers à Zurich.
Du côté du personnel soignant, la dépendance aux formations étrangères est moins prononcée mais toujours notable, avec environ 33 % des soignants diplômés à l'étranger, majoritairement en France (12,3 %). Cette situation soulève des interrogations sur la capacité du système suisse à former suffisamment de professionnels pour répondre à ses besoins internes.
Une pression budgétaire croissante
Le déficit record de 2023 met en lumière la pression budgétaire croissante sur les hôpitaux suisses. La plus grande part du déficit, soit 743 millions, concerne les hôpitaux de soins généraux, tandis que les cliniques spécialisées enregistrent un manque de 41 millions. Si les charges atteignent des niveaux élevés, les consultations ambulatoires, qui sont souvent plus rentables que les hospitalisations, ont diminué, passant de 24,4 à 23,9 millions.
Ce déséquilibre financier s'ajoute aux défis structurels d'un système hospitalier qui doit composer avec un vieillissement de la population et des coûts croissants des traitements. La récente motion validée par le Conseil des États, visant à faciliter l'accès aux études de médecine en Suisse, pourrait représenter une étape importante pour réduire la dépendance aux professionnels étrangers, mais les effets à court terme resteront limités.