Google introduit en Suisse son système AI Overview, une fonctionnalité qui permet d’afficher des réponses formulées par intelligence artificielle directement dans les résultats de recherche. Ce changement modifie profondément l’interface du moteur de recherche, qui ne se limite plus à proposer des liens, et soulève déjà des préoccupations dans le pays.
Alors que cette technologie est déjà implantée aux États-Unis, son arrivée dans neuf pays européens dont la Suisse alimente le débat. Les utilisateurs suisses connectés à leur compte Google découvriront progressivement cette nouveauté, disponible en français, allemand, italien et anglais. Elle s’adresse uniquement aux internautes âgés de plus de 18 ans, rapporte Watson.
Une nouvelle manière de rechercher, pilotée par l’IA
AI Overview transforme l’expérience de recherche : au lieu de simples liens bleus, certaines requêtes génèrent désormais une réponse rédigée par intelligence artificielle. Ces réponses, affichées en haut des résultats, sont censées aider les utilisateurs à obtenir une synthèse claire et rapide d’informations disponibles en ligne.
Selon les précisions données par une responsable de la recherche chez Google, ces réponses ne sont proposées que lorsque le système estime qu’elles sont pertinentes. Ainsi, une simple requête sur la météo ne déclenchera pas cette fonctionnalité, contrairement à une question sur des pratiques de jardinage ou des procédures techniques.
Ces résumés abordent également des sujets plus sensibles, comme les perspectives financières de Tesla ou l’évolution du marché immobilier helvétique. D’après le média suisse, la firme applique les mêmes mécanismes de protection que pour les recherches classiques, notamment dans les domaines de la santé et des finances. Malgré ces précautions, l’entreprise reconnaît que son IA peut produire des erreurs factuelles ou inventer certains éléments. Un avertissement accompagne donc chaque résumé afin de sensibiliser l’utilisateur à ce risque.
Le traitement des sources suscite des tensions
L’un des points les plus controversés concerne l’origine des contenus utilisés pour générer ces réponses. Le géant de la tech affirme indiquer la provenance des informations utilisées, mais pour accéder à la source complète, l’utilisateur doit effectuer deux clics. Ce procédé, selon la même source, soulève des critiques, notamment lorsque le contenu initial est payant. Des informations disponibles uniquement par abonnement peuvent ainsi être résumées et rendues visibles gratuitement via l’outil d’IA.
Cette situation inquiète plusieurs acteurs de la presse et des plateformes de conseils, qui redoutent une diminution de leur trafic. Jusque-là, les moteurs de recherche leur assuraient une part importante de leur audience. L’éditeur californien ne communique pas le taux de clics générés par les résumés vers les sources originales. Il avance simplement que les utilisateurs qui accèdent aux pages liées passent plus de temps à les consulter, ce qui indiquerait, selon lui, un intérêt plus fort pour le contenu.
Une réponse politique en préparation
Face aux préoccupations soulevées par cette nouvelle fonctionnalité, la classe politique suisse s’est saisie du dossier. Le Conseil des États a validé une motion visant à réguler l’utilisation des contenus journalistiques par les systèmes d’intelligence artificielle. Cette initiative, citée par Watson, doit encore être examinée par le Conseil national. Elle ambitionne de mieux encadrer l’usage des informations issues des médias afin de garantir une certaine équité entre les créateurs de contenu et les plateformes technologiques.
Ce développement s’inscrit dans une tendance plus large, marquée par la montée en puissance des outils conversationnels basés sur l’intelligence artificielle. Depuis l’émergence d’acteurs comme ChatGPT ou Perplexity, de nouveaux formats de recherche se sont imposés.
Toujours selon les données communiquées par Google, les internautes exposés à AI Overview posent des questions plus complexes, effectuent davantage de recherches et restent plus longtemps sur la page initiale.