Après des mois de spéculations, l'enseigne suisse de grands magasins Globus semble sur le point de tourner une nouvelle page de son histoire. Le groupe Central, qui détient déjà 50 % des parts, serait sur le point d'acquérir l'autre moitié détenue par le conglomérat autrichien Signa.
Le potentiel rachat total de Globus par Central Group représente bien plus qu'un simple changement de propriétaire. En effet, ce mouvement pourrait indiquer un tournant stratégique pour l'enseigne, alors que le secteur du luxe, autrefois bastion de stabilité, montre des signes de ralentissement à l'échelle mondiale.
Une acquisition cruciale pour l'avenir de Globus
Depuis l'ouverture de la procédure d'insolvabilité contre Signa en novembre dernier, Globus a dû faire face à des turbulences majeures. Si l'enseigne a pu maintenir ses activités, elle a cependant été contrainte de procéder à une réduction d'effectifs en janvier, avec 26 licenciements, dont quatre en Suisse romande. Cette mesure, bien que modeste en proportion, visait à « garantir durablement la rentabilité » de l'entreprise, selon une note interne du directeur général.
L'acquisition envisagée par Central Group pourrait apporter la stabilité nécessaire à Globus pour se recentrer sur son développement. La fin des incertitudes autour de son propriétaire permettrait également de dissiper les craintes de certains fournisseurs qui, par mesure de précaution, exigeaient des paiements anticipés ou à la livraison de leurs produits.
Un repositionnement face aux défis du marché du luxe
Globus, ancienne filiale de Migros, opère neuf magasins dans les principales villes suisses, dont Genève, Lausanne et Zurich. Depuis son rachat par Signa et Central Group en 2020 pour un milliard de francs, Globus a bénéficié de plusieurs centaines de millions de francs d'investissements pour se repositionner sur le marché du luxe. Cependant, ce secteur, traditionnellement résilient face aux crises économiques, commence à montrer des signes de fatigue. Des géants comme Swatch Group, Richemont et LVMH ont récemment annoncé des résultats en baisse, notamment en raison du ralentissement de l'économie chinoise.
Pour Globus, qui a misé sur le haut de gamme, ce contexte représente un défi de taille. L'enseigne doit trouver un équilibre entre maintenir son image prestigieuse et adapter son offre à un marché plus prudent. L'acquisition par Central Group pourrait apporter une nouvelle dynamique pour relever ces défis.
Les immeubles Globus : un atout stratégique en jeu
En parallèle à la vente des parts de Globus, Signa cherche également à se séparer des immeubles hébergeant plusieurs grands magasins de l'enseigne, dans le but de rembourser ses créanciers. Cette stratégie de désinvestissement soulève des questions sur l'avenir immobilier de Globus. Si Central Group rachète l'intégralité des activités de Globus, il n'est pas encore clair s'il souhaite aussi acquérir ces actifs immobiliers. Parmi ces biens, on trouve notamment le bâtiment situé à proximité de la prestigieuse Bahnhofstrasse à Zurich, ainsi que les magasins de Lausanne et Genève, opérant actuellement dans des locaux détenus par une société immobilière indépendante.
La vente imminente de Globus pourrait également être liée à celle de Selfridges, le centre commercial londonien de luxe, lui aussi co-détenu par Signa et Central Group. Selon certaines sources, les deux entités pourraient annoncer simultanément ces transactions, renforçant ainsi la position de Central Group dans le domaine des grands magasins de luxe.