À Genève, une proposition visant à taxer les produits sucrés pour financer les soins dentaires divise l’opinion. Le projet, bien que soutenu par certains acteurs de la santé publique, rencontre une forte opposition de la part des industriels et de certains responsables politiques.
Les enjeux touchent à la fois la santé, les finances publiques et les libertés individuelles. Cette initiative met en lumière un dilemme entre prévention sanitaire et contraintes économiques.
Une taxe contestée malgré ses objectifs sanitaires
La proposition d’une taxe sur les produits sucrés vise à améliorer l’accès aux soins dentaires, notamment pour les populations les plus précaires. Selon ses promoteurs, cette mesure permettrait non seulement de financer des consultations dentaires gratuites, mais aussi de réduire la consommation de sucre dans la population. En Suisse, la consommation de sucre reste préoccupante : un adulte consomme en moyenne 35 kg de sucre par an, contribuant à une prévalence élevée de maladies liées à une alimentation déséquilibrée.
Pourtant, ce projet ne fait pas l’unanimité. Les opposants dénoncent une politique intrusive et discriminatoire, visant principalement les familles modestes qui consomment davantage de produits sucrés bon marché. Ces dernières pourraient être les premières pénalisées par une augmentation des prix de ces produits. Par ailleurs, les commerces locaux, déjà fragilisés par la concurrence transfrontalière, redoutent un exode des consommateurs vers la France voisine.
Les défenseurs du projet insistent pourtant sur la dimension préventive de la mesure. Pour eux, cette taxe pourrait non seulement limiter les excès de sucre, mais aussi sensibiliser la population à des choix alimentaires plus sains. Le canton de Genève pourrait ainsi devenir un modèle dans la lutte contre les maladies liées à la surconsommation de sucre, tout en garantissant un accès plus équitable aux soins dentaires.
Une impasse politique sur fond de lobbying industriel
Le débat sur cette taxe met également en lumière les pressions exercées par l’industrie agroalimentaire. Les producteurs de boissons sucrées et de confiseries, notamment, s’opposent fermement à toute hausse des taxes. Ils invoquent des arguments économiques, comme la perte potentielle d’emplois, mais aussi des conséquences sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Leurs campagnes de communication soulignent qu’une taxe supplémentaire pourrait accroître les tensions sociales dans un contexte économique déjà difficile.
Sur le plan politique, le projet divise également les partis. Si les formations de gauche défendent la mesure comme une réponse aux inégalités sociales et de santé, les partis de droite s’y opposent en invoquant la défense des libertés individuelles. Cette opposition partisane rend incertain l’avenir de l’initiative, qui pourrait être profondément amendée pour tenter de trouver un consensus.