À Genève, le salaire minimum modifie l’emploi sans le réduire

Le salaire minimum à Genève n’a pas réduit l’emploi global mais a freiné la création de postes dans certains secteurs, notamment le nettoyage.

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Des billets de francs suisses dépassent de la poche d'une veste
À Genève, le salaire minimum modifie l'emploi sans le réduire - crédit : Shutterstock | Econostrum.info - Suisse

Depuis son entrée en vigueur, le salaire minimum à Genève continue d’être scruté à travers des rapports successifs. Le troisième rapport, présenté en juin 2025, se penche sur les effets entre 2020 et 2022 dans les secteurs à bas salaires.

Ces analyses révèlent des tendances contrastées selon les domaines d’activité. Alors que certains secteurs s’adaptent par une réorganisation du temps de travail, d’autres subissent une stagnation ou un recul de leur croissance, rapporte la RTS.

Des impacts différents selon les secteurs

Le rapport met en lumière des évolutions contrastées selon les secteurs concernés. Le nettoyage, par exemple, a vu une baisse de 1,4 % des emplois à Genève, alors qu’une progression de 12,6 % était enregistrée sur la même période dans le canton voisin de Vaud, qui n’applique pas de salaire minimum. À l’inverse, l’hébergement et la restauration à Genève ont connu une progression plus forte qu’à Vaud.

L’auteur de l’étude, José Ramirez, professeur à la Haute école de gestion de Genève, a précisé que « les secteurs n’ont pas tous été affectés de la même manière », citant une réorganisation interne comme réponse à la contrainte salariale. La RTS indique que ces réajustements ont pu notamment se traduire par une augmentation du temps de travail des employés déjà en poste, compensant partiellement la baisse du nombre de postes.

Une réorganisation des effectifs plutôt qu’une réduction

Globalement, le rapport ne note pas de diminution importante du nombre total d’emplois. Le principal ajustement observé a porté sur l’intensité du travail plutôt que sur le volume de postes.

Dans le secteur du nettoyage, cette évolution est expliquée par deux phénomènes : un transfert d’activité vers d’autres cantons, notamment Vaud, et une hausse marquée du télétravail à Genève, qui aurait réduit la demande de nettoyage dans les locaux professionnels.

L’analyse montre aussi que la baisse d’emploi dans le nettoyage n’a pas entraîné de différence selon le genre, alors que dans l’hôtellerie-restauration, la création d’emplois masculins a ralenti tandis que celle des emplois féminins est restée stable.

Une stabilité relative sur fond de vigilance

Pour Davide de Filippo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale, les résultats du rapport ne surprennent pas. Il estime que « l’impact du salaire minimum sur l’emploi est très faible » et que la réduction du temps de travail n’est pas un problème si le salaire reste constant.

En parallèle, le président de l’Union des associations patronales genevoises, Pierre-Alain L’Hôte, affirme que certains secteurs signalent une recrudescence du travail au noir, ajoutant que « nous serons attentifs à ces éventuels effets pervers ».

Delphine Bachmann, cheffe du Département de l’économie et de l’emploi, a pour sa part rappelé que les premiers rapports avaient mis en évidence des effets positifs pour les femmes, mais pas pour les jeunes sans formation.

Elle a également exprimé ses réserves concernant une révision fédérale qui accorderait la primauté aux conventions collectives sur les salaires minimaux cantonaux, évoquant un risque d’incertitude juridique.

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