Genève enregistre un afflux record de travailleurs frontaliers en 2024

Genève a connu un afflux record de frontaliers en 2024, atteignant plus de 110 000 travailleurs. Ce phénomène reflète des besoins non couverts par le marché local et une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cette tendance devrait se maintenir si aucune réforme n’intervient.

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Près de 25 000 nouveaux travailleurs transfrontaliers ont rejoint Genève en 2024, marquant un record historique depuis 1989. Cette hausse, liée à un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi, suscite des interrogations sur l’avenir économique de la région. 

Le manque de main-d’œuvre qualifiée est au cœur des discussions. Les entreprises locales peinent à recruter des profils adaptés, amplifiant leur recours aux travailleurs frontaliers. Cette situation reflète également des défis structurels dans le système de formation professionnelle.

Une dépendance accrue à la main-d’œuvre transfrontalière

En 2024, le canton de Genève a vu son nombre de travailleurs frontaliers dépasser les 110 000 personnes, selon l’Office cantonal de la statistique. Ce phénomène s’explique par une inadéquation croissante entre les profils disponibles localement et les besoins des entreprises. Avec 240 000 résidents actifs pour 400 000 postes à pourvoir, la main-d’œuvre locale ne suffit pas à répondre à la demande.

Selon Véronique Kämpfen, porte-parole de la Fédération des entreprises romandes, le problème réside surtout dans la pénurie de main-d’œuvre qualifiée : « Les entreprises peinent à trouver des candidats avec les compétences nécessaires, ce qui les pousse à recruter en dehors des frontières. » Cette situation reflète aussi les limites du système de formation professionnelle genevois, qui affiche un des taux d’apprentis les plus faibles de Suisse.

La forte dépendance aux frontaliers est aussi accentuée par un taux de chômage de 4,4 %, l’un des plus élevés du pays. Les entreprises se tournent ainsi vers les frontaliers pour combler les besoins urgents, notamment dans les secteurs de la santé, de la restauration et de l’industrie technologique, où les postes non pourvus se multiplient.

Une tendance durable portée par des dynamiques économiques et démographiques

La hausse continue des travailleurs frontaliers à Genève n’est pas qu’un phénomène conjoncturel. Selon le Groupement transfrontalier européen, plusieurs facteurs structurels maintiennent cette tendance. D’une part, le départ progressif des baby-boomers à la retraite libère de nombreux postes, particulièrement dans des métiers nécessitant un haut niveau d’expertise. D’autre part, l’économie suisse reste très attractive pour les résidents des régions voisines de France, en raison des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail.

Par ailleurs, les politiques d’emploi locales ne parviennent pas à absorber les chômeurs genevois. Les compétences disponibles ne correspondent pas toujours aux postes vacants, renforçant le recours aux transfrontaliers mieux qualifiés ou expérimentés. Cette situation pourrait s’aggraver si des réformes structurelles ne sont pas mises en œuvre rapidement pour renforcer la formation et l’intégration sur le marché local.

Les experts estiment que cette dynamique va perdurer. Les entreprises genevoises continueront à recruter au-delà des frontières, particulièrement si le canton ne parvient pas à développer davantage les compétences de ses résidents actifs.

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