Départ d’entreprises, annulations d’événements… Genève perd son attractivité

Le départ de SGS après celui de Firmenich, la disparition du Salon de l’Automobile et l’échec de la candidature à l’Eurovision 2025 sont autant de signes d’un affaiblissement du rayonnement économique et événementiel de Genève. Concurrencée par des villes suisses et internationales plus attractives en matière de fiscalité, d’immobilier et de soutien institutionnel, la cité peine à retenir ses entreprises et manifestations historiques.

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Genève
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Genève a longtemps été un pôle d’attraction pour les grandes entreprises et organisations internationales, bénéficiant de son statut de centre financier et diplomatique. Pourtant, plusieurs départs récents révèlent un essoufflement de cette attractivité. SGS, multinationale de la certification, déménagera son siège à Zoug, comme l’avait fait Firmenich en 2022, après sa fusion avec le néerlandais DSM.

Parallèlement, la ville perd en influence sur la scène événementielle. Le Salon international de l’Automobile, qui attirait jusqu’à 750 000 visiteurs par an, a été annulé après une édition 2024 décevante. De plus, la SSR a choisi Bâle plutôt que Genève pour organiser l’Eurovision 2025, citant des raisons budgétaires et politiques. Ces décisions marquent un recul du positionnement stratégique de Genève face à une concurrence accrue en Suisse et à l’international.

Des entreprises emblématiques quittent la ville

La décision de SGS de transférer son siège à Zoug représente une perte importante pour Genève. Fondée en 1915 dans le canton, l’entreprise y était ancrée depuis plus d’un siècle. En 2023, elle a versé 147 millions de francs d’impôts à l’État genevois sur un bénéfice de 802 millions, soit un taux d’imposition effectif de 18,4 %. À Zoug, où la fiscalité est plus avantageuse, SGS espère réaliser d’importantes économies fiscales et immobilières.

Ce départ suit celui de Firmenich en 2022, qui, après sa fusion avec DSM, a déplacé son siège en Argovie. L’entreprise, autrefois dirigée par Patrick Firmenich, n’a plus été sous contrôle familial depuis 2014. Ces délocalisations rappellent également celle de Serono, biotech emblématique de Genève, qui a fermé son siège en 2012 après son rachat par l’Allemand Merck, et dont les activités ont été centralisées à Darmstadt.

Ces départs illustrent un phénomène plus large : Genève peine à retenir ses grandes entreprises face à une fiscalité élevée et un coût de l’immobilier croissant. Selon un rapport 2024 du courtier Barnes, les loyers de bureaux dans le centre-ville continuent d’augmenter, poussant banques et entreprises à se relocaliser. SGS a notamment cité la cherté de ses bureaux proches de Cornavin comme un facteur clé de son départ.

Un recul sur la scène événementielle

En plus de la perte de sièges d’entreprises, Genève subit une diminution de son influence événementielle. Après avoir attiré jusqu’à 750 000 visiteurs par an, le Salon international de l’Automobile a été définitivement annulé. Les organisateurs ont constaté que l’industrie automobile ne voyait plus l’intérêt d’un salon genevois, alors que des villes comme Paris et Munich continuent d’en accueillir, soutenues par leur industrie automobile nationale.

Le Salon de l’aviation d’affaires (EBACE), qui se tient chaque année à Palexpo, est également fragilisé. La location des stands y est jugée trop coûteuse, entraînant un retrait progressif des exposants nord-américains. En 2024, l’Association américaine de l’aviation d’affaires (NBAA), autrefois principal soutien du salon, a vendu ses parts à son homologue européenne, moins influente. En conséquence, l’édition 2025 sera réduite, occupant une seule halle au lieu de deux.

Autre coup dur, Genève a perdu la course à l’Eurovision 2025 au profit de Bâle. La SSR a préféré la ville rhénane en raison de son budget plus élevé et de l’unité politique locale en faveur du projet. À l’inverse, Genève a souffert de divisions internes, notamment une opposition des Jeunes UDC, qui menaçaient d’organiser un référendum. La ville renonce ainsi aux millions de francs de retombées économiques que cet événement aurait pu générer dans l’hôtellerie, la restauration et le commerce.

Un affaiblissement du rôle de la Genève internationale

Au-delà de la sphère économique et événementielle, Genève voit également son rôle de capitale du multilatéralisme s’éroder. Les organisations internationales installées dans la ville, comme l’ONU, l’OMC, l’OMS, l’OMPI et le BIT, font face à des réductions budgétaires. L’administration républicaine aux États-Unis a déjà retiré son financement à l’OMS, qui représentait 22 % de son budget.

En parallèle, le Conseil fédéral suisse a annoncé une réduction de 2 millions de francs dans le budget alloué à la Genève internationale d’ici 2027. Parmi les coupes budgétaires, 1,1 million de francs seront retirés au Musée international de la Croix-Rouge, et le canton devra assumer les frais de la brigade de sécurité diplomatique ainsi que ceux des gardes-frontières de l’aéroport.

Face à cette situation, Micheline Calmy-Rey, ancienne conseillère fédérale, a suggéré de diversifier les sources de financement en s’appuyant davantage sur des nations émergentes comme le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Toutefois, Genève devra surmonter ces obstacles financiers et politiques pour maintenir son statut de capitale du multilatéralisme.

Les départs d’entreprises, la perte d’événements prestigieux et la réduction des financements internationaux mettent Genève à l’épreuve. Entre coût de la vie élevé, fiscalité concurrentielle et tensions budgétaires, la ville doit repenser sa stratégie d’attractivité pour éviter un déclin progressif de son influence.

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