Le projet de budget 2025 de la Ville de Genève fait état d’un déficit inquiétant de 63,4 millions de francs. Un chiffre largement influencé par les baisses fiscales qui seront soumises à votation en septembre et novembre prochains. Ces ajustements fiscaux, s’ils sont approuvés, pourraient causer une perte de 54,5 millions de francs pour les finances de la ville.
Malgré ce contexte défavorable, le Conseil administratif souhaite maintenir ses engagements face aux défis sociaux et environnementaux en investissant près de 1,393 milliard de francs tout en créant de nouveaux postes. Toutefois, ce choix suscite des réactions divergentes au sein des différentes forces politiques locales.
Les baisses fiscales : une épée de Damoclès
Le déficit de 63,4 millions de francs annoncé pour 2025 découle principalement des baisses fiscales qui visent à alléger la charge des entreprises et des personnes physiques. Ces réductions, évaluées à 54,5 millions de francs, pourraient entrer en vigueur si elles sont validées lors des votations à venir. Alfonso Gomez, en charge des Finances à Genève, a souligné que sans ces baisses, le déficit serait contenu à 9 millions de francs, ce qui permettrait de respecter les objectifs de retour à l’équilibre fixés après l’entrée en vigueur de la réforme fiscale des entreprises (RFFA).
L’exécutif genevois reste opposé à ces diminutions fiscales, estimant qu’elles mettraient en péril la stabilité financière des municipalités. Toutefois, malgré cette prévision pessimiste, la Ville de Genève maintient ses projets et priorités pour répondre aux besoins croissants de la population.
Un budget ambitieux face aux besoins sociaux et environnementaux
En dépit de cette baisse prévue des recettes fiscales, la Ville de Genève maintient ses ambitions pour 2025 avec des dépenses prévues à hauteur de 1,393 milliard de francs, soit une augmentation de 37 millions par rapport à l’année précédente. Ce budget reflète la volonté de l’exécutif de répondre aux besoins sociaux et environnementaux, en particulier dans les secteurs de la petite enfance et de l’aménagement urbain.
La ville prévoit ainsi la création de 108,7 nouveaux postes, dont une cinquantaine dans les services de la petite enfance. Alfonso Gomez a justifié cette augmentation par la croissance continue de la population et des besoins sociaux. Par ailleurs, les investissements restent élevés, avec une enveloppe de 180 millions de francs, dont une part sera consacrée à la rénovation des logements et à des projets structurants comme l’aménagement des abords de la gare Cornavin et la mise en place du réseau énergétique Genilac.
Des réactions politiques mitigées
Le projet de budget n’a pas manqué de susciter des réactions politiques divergentes. À droite, plusieurs voix se sont élevées contre ce qu’elles qualifient de budget « irresponsable ». Maxime Provini, chef de groupe du Parti libéral-radical (PLR), critique l’absence d’ajustements dans les dépenses malgré la baisse des revenus. Vincent Schaller, de l’Union démocratique du centre (UDC), partage cette opinion en déplorant la création de nouveaux postes alors que les recettes diminuent.
À gauche, le ton est tout autre. Timothée Fontolliet, membre du Parti socialiste, salue un budget qui fait preuve de responsabilité en réponse aux urgences sociales et climatiques, malgré les contraintes fiscales. Les Verts, par la voix de Valentin Dujoux, se félicitent que la Ville maintienne ses engagements, notamment en matière de lien social et d’actions pour le climat.
Une marge de manœuvre réduite pour l’avenir
Si le budget 2025 de la Ville de Genève reflète une ambition claire de répondre aux besoins de la population, il reste soumis à de fortes incertitudes. La dette de la ville, estimée à 1,786 milliard de francs, pourrait encore s’alourdir si les baisses fiscales sont adoptées. Cependant, comme pour les exercices précédents, la ville pourrait bénéficier d’une manne fiscale imprévue, comme cela a été le cas en 2023 avec un excédent de près de 200 millions de francs.
Pour Alfonso Gomez, l’espoir d’un tel retournement ne peut constituer une stratégie budgétaire fiable. Le maintien de l’équilibre budgétaire à long terme dépendra donc en grande partie des résultats des votations à venir et des choix fiscaux qui seront opérés au niveau cantonal.