L’État de Genève a clôturé l’exercice 2024 avec un excédent budgétaire de 541 millions de francs, contrastant fortement avec le déficit de 48 millions anticipé lors de l’élaboration du budget. Ce résultat positif fait suite à un excédent exceptionnel de 1,4 milliard en 2023, porté par des rentrées fiscales inédites liées aux entreprises.
Ce nouveau surplus, bien que plus modeste, reflète une certaine stabilité financière, tout en marquant un ralentissement des recettes fiscales par rapport aux deux années précédentes. Le Conseil d’État a exprimé sa satisfaction tout en soulignant les signaux d’un retour à des niveaux plus standards, notamment en ce qui concerne l’impôt sur les entreprises.
Une dynamique budgétaire stable malgré le recul des recettes fiscales
L’excédent de 541 millions de francs enregistré en 2024 est attribué à une combinaison de recettes supérieures aux attentes et de dépenses globalement contenues. Les revenus totaux de l’État se sont élevés à 11 milliards de francs, en hausse de 6,5 % par rapport au budget initial (+673 millions), bien qu’en baisse de 4,2 % par rapport aux comptes 2023 (-481 millions). Cette diminution s’explique principalement par le recul des revenus fiscaux, notamment ceux des personnes morales, qui chutent de 483 millions par rapport à 2023. Ce repli est interprété comme un retour à la normale, après deux années marquées par des recettes exceptionnelles.
Dans le même temps, les impôts sur les personnes physiques ont continué à progresser, affichant 272 millions de plus que prévu au budget 2024, soutenant ainsi la solidité des recettes courantes. Cette évolution a permis à l’État de financer ses engagements tout en affectant l’intégralité de l’excédent à la réserve budgétaire, destinée à amortir la recapitalisation des caisses de prévoyance.
Sur le plan des dépenses, les charges totales ont atteint 11 milliards, avec une hausse modérée de 0,4 % par rapport au budget. Ce dépassement, de 43 millions, s’explique en grande partie par une augmentation des subventions dans les domaines sociaux et de la santé. L’Hospice général a reçu 48 millions supplémentaires en lien avec l’accueil des requérants d’asile, tandis que les HUG, les soins à domicile et les EMS ont vu leurs enveloppes respectivement renforcées de 19, 10 et 8 millions. À l’inverse, les charges de personnel ont été inférieures de 47 millions, notamment en raison de postes vacants non pourvus en fin d’année.
Une gestion prudente face à des incertitudes croissantes
Le résultat positif enregistré en 2024 a été accueilli favorablement par le Conseil d’État, mais il s’accompagne de mises en garde. La cheffe du Département des finances, Nathalie Fontanet, a souligné devant la presse que cet excédent devait être interprété avec prudence, dans un contexte de ralentissement des recettes fiscales et de risques à venir, a rapporté RTS.ch. L’impôt sur les entreprises, après des pics exceptionnels en 2022 et 2023, montre des signes de rééquilibrage, laissant entrevoir une dynamique fiscale plus modérée dans les années à venir.
La dette cantonale a quant à elle diminué de 166 millions, pour s’établir à 10,4 milliards de francs fin 2024. Ce désendettement progressif, conjugué à un taux de réalisation de 90 % des investissements (soit 660 millions de francs engagés), témoigne d’une gestion rigoureuse des ressources, avec un ciblage précis des projets à maturité.
Malgré cette solidité, le gouvernement genevois reste préoccupé par plusieurs facteurs externes. La hausse attendue de la contribution à la péréquation financière intercantonale pourrait venir grever les marges budgétaires. Par ailleurs, le programme d’économie de la Confédération est susceptible d’engendrer jusqu’à 128 millions de pertes pour le canton. Enfin, les incertitudes géopolitiques internationales continuent de peser sur la prévisibilité des finances publiques.
Dans ce contexte, l’approche du Conseil d’État reste marquée par la vigilance. L’exécutif cantonal entend maintenir une discipline budgétaire ferme tout en anticipant les tensions futures sur les finances. Ce positionnement devrait largement influencer les orientations du budget 2025, qui devra conjuguer prudence fiscale et réponse aux besoins sociaux.