Depuis la réception des nouvelles factures automobiles, un vent de stupeur et de colère souffle sur Genève. La réforme de l’impôt automobile, adoptée en mars dernier par une courte majorité des Genevois, provoque un véritable séisme parmi les automobilistes du canton. Avec des augmentations pouvant atteindre 500 %, la nouvelle fiscalité alourdit considérablement la charge pour de nombreux foyers, en particulier les propriétaires de véhicules anciens.
L’objectif annoncé de cette loi était de promouvoir une fiscalité écoresponsable et équitable. Cependant, les conséquences s’avèrent contrastées, car si certains bénéficient de réductions, d’autres font face à des factures jugées insoutenables, tombées à un moment délicat, juste avant les fêtes de fin d’année.
Des augmentations spectaculaires et des cas extrêmes
Près d’un tiers des 217 000 véhicules immatriculés à Genève seront concernés par une hausse de l’impôt automobile en 2025. Parmi les exemples les plus frappants, cités par le média Léman Bleu, figure celui de Nathalie Delplace, mère d’un enfant polyhandicapé. Pour son véhicule aménagé, indispensable à son quotidien, la facture augmente de 1500 francs.
Nathalie dénonce une réforme injuste en avançant qu’elle est obligée d’avoir un grand véhicule adapté pour transporter tout le matériel médical. Les propriétaires de voitures anciennes subissent également de plein fouet cette révision. Jean-Vincent, passionné de véhicules de collection, a été choqué en recevant une facture pour sa Chrysler de 1931. En effet, sa facture est passée de 204 à 2448 francs, une situation qu’il décrit comme inadmissible en évoquant un véritable « désordre complet ».
Les véhicules émettant beaucoup de CO2, même s’ils sont modestes, ne sont pas épargnés par la hausse de l’impôt automobile. Une Citroën Evasion de 1998 voit son imposition bondir de 297 à 2100 francs, tandis qu’une VW Polo de 2001 subit une hausse de 210 à 750 francs. Ces chiffres illustrent la dure réalité pour des familles ou retraités qui peinent à absorber ce surcoût. Les nouvelles règles imposent les véhicules thermiques en fonction de leurs émissions de CO2, tandis que les modèles électriques et à hydrogène sont taxés selon leur poids. Si cette réforme entend encourager l’achat de véhicules moins polluants, son application suscite des critiques.
Certains automobilistes comme Lucas, propriétaire d’une Mitsubishi des années 1990, bénéficient au contraire de réductions notables. Sa voiture, reclassée en « véhicule vétéran », voit sa facture annuelle baisser de 1400 à 620 francs.
Critiques politiques et environnementales
Sur le plan politique, les réactions sur l’impôt automobile sont vives. L’UDC critique une réforme qu’elle qualifie d’« insensée » et prévoit de relancer son projet visant à réduire de moitié cet impôt. Le MCG demande un moratoire sur les augmentations, tandis que Libertés et Justice Sociale milite pour l’introduction d’un plafond fiscal. Lucien Willemin, auteur de Halte au gaspillage automobile, pointe du doigt une « catastrophe environnementale ». Selon lui, cette réforme pousse à l’abandon prématuré de véhicules anciens, alors que leur fabrication, hautement polluante, devrait inciter à prolonger leur durée de vie.
Toutefois, malgré les nombreuses plaintes des citoyens, le canton reste inflexible. Selon l’article 423 de la loi générale sur les contributions publiques, le paiement de l’impôt automobile doit être effectué en une seule fois avant le 31 décembre 2024. Aucune option de paiement échelonné n’est actuellement prévue, suscitant des critiques particulièrement vives de la part des retraités et des ménages à faibles revenus.