Les décisions budgétaires de Donald Trump impactent bien au-delà des États-Unis. Le gel temporaire des financements fédéraux pénalise plusieurs ONG et universités suisses.
Des programmes humanitaires et de recherche sont remis en cause, menaçant emplois et collaborations. Face à cette incertitude, les institutions suisses tentent de s’adapter à une situation sans précédent. La fragilisation des liens scientifiques et humanitaires pourrait avoir des conséquences durables.
Des ONG suisses privées de financements essentiels
La suspension des financements fédéraux américains, annoncée par le Bureau de la gestion et du budget rattaché à la Maison-Blanche, place plusieurs ONG suisses dans une situation critique. Cette interruption de 90 jours met en péril de nombreux projets humanitaires, en particulier ceux financés par l’agence américaine USAID.
Parmi les organisations touchées, Terre des hommes doit cesser des programmes et se séparer de collaborateurs. Sa directrice, Barbara Hintermann, exprime son désarroi : « C’est violent ! Ça vient d’un jour à l’autre, sans anticipation. C’est extrême » . Une autre ONG, Solidar, se retrouve dans une position similaire. Son président, Carlos Sommaruga, alerte sur les répercussions sociales : « Nous devons arrêter des projets et licencier du personnel ».
Ce gel ne se limite pas aux ONG. La Confédération suisse, partenaire de USAID, doit réévaluer ses engagements. Plusieurs initiatives, notamment au Mali, en Serbie et au Kosovo, représentant 14 millions de francs suisses, pourraient être compromises. La question d’un remplacement des financements américains reste en suspens.
La recherche académique suisse sous pression
Les universités suisses ne sont pas épargnées. À l’Université de Lausanne (UNIL), la direction financière a exigé un recensement immédiat des projets financés, en partie ou totalement, par des fonds américains. Bien que la situation soit encore incertaine, des programmes en lien avec la diversité, l’équité, l’inclusion et les technologies vertes sont particulièrement vulnérables. Certains chercheurs redoutent une réorientation des financements vers d’autres priorités, dictée par des considérations politiques.
L’Université de Genève (UNIGE) partage ces inquiétudes. Son vice-recteur, Sébastien Castelltort, explique : « Nos chercheurs ne signalent pas encore de suspensions, mais nous redoutons des difficultés pour le renouvellement de certains projets à l’automne ». La stabilité des collaborations scientifiques est en jeu. Le gel budgétaire pourrait également réduire les opportunités d’échanges académiques, affectant à la fois les étudiants et les chercheurs.
Le Fonds national suisse (FNS) rappelle l’importance des liens entre la Suisse et les États-Unis en matière de recherche : « Un affaiblissement de cette coopération pénaliserait autant les chercheurs américains que suisses ». Certains évoquent la possibilité d’une émigration de chercheurs américains vers la Suisse, mais les incertitudes actuelles freinent toute projection. Sans visibilité sur l’évolution des décisions américaines, les institutions académiques helvétiques doivent préparer des alternatives pour sécuriser leurs programmes et leurs financements.