Voici les géants suisses qui paient des milliards d’impôts

En 2024, les géants suisses Roche, Nestlé et Novartis ont versé un record de 10,9 milliards de francs d’impôts dans le monde.

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Voici les géants suisses qui paient des milliards d’impôts - © Sutterstock

En 2024, les cinq plus grandes entreprises suisses ont versé 10,9 milliards de francs en impôts dans le monde, un record historique. Parmi elles, Roche se distingue avec une contribution fiscale exceptionnelle de 2,67 milliards de francs.

La forte rentabilité des groupes Roche, Nestlé, Novartis, UBS et Zurich permet à ces entreprises de contribuer largement aux recettes fiscales, notamment en Suisse. Cette situation illustre la relation entre la localisation des sièges sociaux et la fiscalité perçue.

Ces données remettent en question certaines critiques récentes sur les prétendus privilèges fiscaux accordés aux grandes sociétés, comme l’a souligné Cédric Wermuth, coprésident du PS.

Des contributions fiscales records portées par la rentabilité des géants suisses

L’année 2024 marque un palier dans le paiement des impôts par les grandes entreprises suisses. Roche est le plus grand contributeur avec 2,67 milliards de francs versés au fisc mondial, soit une augmentation notable par rapport à 1,7 milliard l’année précédente.

Selon Blick, cette progression s’explique directement par la forte rentabilité des groupes. Les cinq entreprises principales, Roche, Nestlé, Novartis, UBS et Zurich, ont à elles seules réglé 10,9 milliards de francs, un montant jamais atteint auparavant.

En Suisse, la fiscalité prélevée sur ces groupes atteint 3,5 milliards de francs, soit un montant stable par rapport à l’an passé, mais en nette hausse par rapport à 2018. UBS, par exemple, a multiplié par sept son impôt sur le revenu en Suisse en dix ans, passant de 90 à 605 millions de francs, ce qui témoigne d’une évolution significative de leur contribution fiscale. Zurich et UBS ont versé plus d’un milliard de francs au total à eux deux.

La concentration des sièges sociaux favorise une forte fiscalité locale

Une part importante des impôts est collectée dans les cantons qui accueillent les sièges sociaux de ces entreprises. Novartis paie ainsi 39 % de son imposition mondiale en Suisse, soit 807 millions de francs, notamment en raison des importantes activités de recherche et production menées à Bâle.

Cette part est d’autant plus remarquable que la société n’emploie qu’un septième de ses effectifs dans le pays et réalise seulement 3 % de son chiffre d’affaires mondial localement. Le média helvétique rapporte que ce phénomène s’observe également chez Sulzer et Nestlé, où les impôts versés dépassent largement ce que la présence locale pourrait laisser supposer.

Les sièges sociaux attirent par ailleurs de nombreux cadres très bien rémunérés, dont les salaires génèrent une fiscalité supplémentaire importante. Le canton de Bâle-Ville dépend financièrement du secteur pharmaceutique, avec la moitié de ses recettes fiscales provenant des entreprises comme Roche, Novartis ou Lonza, ainsi que de leurs dirigeants, selon les déclarations de Tanja Soland.

La Suisse face à la concurrence internationale et aux nouvelles normes fiscales de l’OCDE

Malgré la pression internationale croissante, la Suisse maintient sa position attractive pour les multinationales. Plusieurs entreprises ont choisi de transférer leur siège en Suisse, profitant des taux d’imposition compétitifs et de l’environnement économique favorable. La source évoque des exemples récents comme DSM-Firmenich ou le groupe japonais NEC, qui ont installé leurs sièges régionaux en Suisse.

L’introduction par l’OCDE d’un impôt minimum de 15 % impose néanmoins de nouvelles contraintes. La Suisse a anticipé ces changements en adoptant dès 2024 un impôt complémentaire et une règle d’«Income Inclusion» en 2025.

Cette réglementation vise à s’assurer que les filiales à l’étranger respectent aussi ce taux plancher, évitant ainsi le transfert artificiel de bénéfices vers des pays à fiscalité réduite.

Seule Roche doit verser un supplément fiscal important de 189 millions de francs, en raison de différences comptables, tandis que d’autres entreprises comme UBS ou Novartis estiment que l’impact reste limité. Le canton de Zoug, particulièrement actif dans le négoce de matières premières, a adapté ses stratégies pour conserver son attractivité malgré ces nouvelles règles.

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